martes, 8 de noviembre de 2022

Abd el Krim et l’Ukraine

« Comme je vous l’ai dit verbalement, je réitère par écrit que le Rif ne combat pas les Espagnols et n’éprouve aucune haine envers le peuple espagnol. Le Rif lutte contre cet impérialisme envahissant qui veut lui arracher sa liberté à force de sacrifices moraux et matériels du noble peuple espagnol ». Ces déclarations surprennent par leur contenu, sans aucun doute, et d’autant plus que leur auteur est le chef du Rif Abd el Krim lui-même, par leur date d’août 1922 et parce qu’elles ont été publiées avec une interview à la une d’un principal journal espagnol.

À une époque de tension guerrière maximale, avec une partie de ce protectorat du Maroc en armes, des époques de mobilisation, de nationalisme extrême, de combats, de prisonniers et de morts, l’opinion du chef de l’éphémère République du Rif est parvenue aux Espagnols à travers les Espagnols médias, même malgré la censure en vigueur à l’époque ou les limitations techniques du moment, la télématique, l’imprimerie, à de nombreuses reprises les négatifs ont été envoyés et les images ont été révélées dans la péninsule.

C’est un moment qui permet une réflexion sur la communication, la liberté d’expression et la citoyenneté informée dans un environnement national de guerre, comme ceux d’il y a un siècle ou en ce 2022 en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de l’implication à tous les niveaux – sauf avec des troupes combattantes sur le terrain, à notre connaissance – par l’Espagne et l’Union européenne, alors que nous assistons à des restrictions d’information, à un discours public monotone et même à la fermeture des médias.

Le calendrier, qui bouge avec la persistance de l’égouttement d’un robinet mal fermé, nous rapproche d’anniversaires qui offrent l’occasion de se plonger, récemment, sur la soi-disant «catastrophe d'Annual», le massacre de quelque 12 000 soldats espagnols et dans le service de l’Espagne dans le nord du Maroc entre juillet et août 1921.

La commémoration ne s’est pas accompagnée en Espagne d’une relecture du colonialisme, du moins d’une analyse critique, présente sous d’autres latitudes et en suspens ici, qui touche à des degrés divers dans la moitié du monde les statues équestres, les collections de musées et dans le meilleur des cas, comme en Belgique, aux rapports d’historiens et de commissions d’enquête ; ce qui est loin d’être un reproche est une fenêtre d’opportunité pour écrire, un encouragement. aux habitants et aux étrangers.

Les guerres résultant de l’occupation coloniale du Maroc ont non seulement marqué quatre décennies de combats et de désastres au début du XXe siècle (depuis la conférence d’Algésiras en 1906 qui instaure le Protectorat jusqu’après le débarquement d’Alhucemas en 1925), mais elles sont aussi à l’origine le coup d’État et la dictature de Primo de Rivera (1923), le coup d’État de 1936 et 38 ans de dictature de Franco. Comme l’a étudié l’historien Julián Casanova, la violence coloniale européenne s’est terminée dans les métropoles, aussi et surtout en Espagne.

Le centenaire de ce que l’on appelle le « désastre d'Annual » est donc une bonne occasion de revisiter certains livres, d’extraire des références telles que les cerises et de découvrir d’authentiques joyaux semi-inconnus.

Pour commencer, une découverte littéraire, «Imán», le premier roman de Ramón J. Sender, publié en 1930, qui se déroule sans références explicites aux événements d’Annual et reflète les épreuves d’un soldat, la dégradation morale et la brutalité de guerre et de l’occupation coloniale avec la force que souvent seule la littérature peut transmettre. Le titre ne fait pas référence à la religion, mais à la capacité d’attirer les malheurs de l’un des protagonistes. L’auteur était l’un des 200 000 Espagnols qui ont effectué leur service militaire au Maroc au cours de ces années, s’ils n’avaient pas les ressources financières pour l’éviter.

Ramón J. Sender a cultivé le journalisme en plus et avant le roman, et le dévouement professionnel au journalisme d’hommes politiques de l’époque comme Indalecio Prieto, qui était également au Maroc en tant que chroniqueur de guerre dans les années vingt, est également curieux.

Le journaliste et écrivain Jorge Martínez Reverte, décédé en mars 2021, a terminé et des mois plus tard «Le vol des vautours. La catastrophe d'Annual et la guerre du Rif» (Galaxia Gutemberg, 2021), une chronique de l’histoire romancée avec des sources marocaines intéressantes et même des co-auteurs.

Dans le domaine de la communication qui nous occupe, « La catastrophe d’Annual par la presse », d’ Antonio Rubio, paru en juin 2022, réutilisation d’ouvrages antérieurs par l’auteur, est une véritable boîte à surprises et références issues du travail d’un série de journalistes qui écrivent foulant le sol de ces années au Maroc à mi-chemin entre journalisme de guerre et journalisme d’investigation avec un professionnalisme surprenant un siècle plus tard.

Au fil des pages, nous trouvons Manuel Aznar (grand-père de l'ancien président du gouvernement), Luis de Oteyza, Víctor Ruiz Albéniz, Rafael López Rienda et bien d'autres, des générations de journalistes qui ont laissé écrit leur qualité professionnelle et dont la carrière a été coupée dans de nombreux cas. peu de temps après la guerre civile. De nombreux journalistes qui apparaissent dans le livre ont fini par s’exiler.

Luis de Oteyza mérite un chapitre à lui , directeur du journal La Libertad et auteur de l’interview faisant référence à Abd el Krim un an après Annual, lors d’un voyage secret au cours duquel, après pas mal de compliments, il finit par rencontrer le Rif chef et les plus de 300 prisonniers espagnols – dont des généraux – qui s’y trouvaient encore un an après la catastrophe, curieusement nourris par les Espagnols eux-mêmes qui laissaient leur subsistance sur la plage voisine. Oteyza était accompagné de deux photographes, l’un d’eux Alfonso Jr., auteur d’images emblématiques d’Abd el Krim ; a publié l’interview et l’a également racontée en détail dans le livre « Abd el Krim et les prisonniers », publié pour la première fois en 1924 et réédité par Ediciones del Viento en 2018.

Le livre d’Oteyza, le roman de Ramón J. Sender, sont collés par date de publication et par contenu aux événements, ce qui multiplie leur valeur en n’ayant pas de perspective temporelle. A titre indicatif, la moitié de la population espagnole à cette époque était analphabète et un journal comme La Libertad tirait plus de 200 000 exemplaires par jour.

Le coup d’État de Primo de Rivera en 1923 soutenu par Alfonso XIII, probablement encouragé à réduire les conséquences politiques et militaires des catastrophes au Maroc, enquêté par le général Picasso, a changé la donne de la presse et du pays.

Jusqu’à ce moment , les citoyens espagnols étaient assez bien informés sur les circonstances guerrières au Maroc, les théories sur les intérêts économiques qui ont favorisé cette expérience coloniale (exploitation des mines du Rif) ; la corruption de l’administration coloniale, aux mains des militaires pendant la majeure partie de ces années ; le sauvetage des prisonniers espagnols, un armateur basque -Horacio Echevarrieta- qui apparaît à toutes les sauces (rédacteur en chef, nazi et franquiste) paya la rançon de cinq millions de pesetas pour leur libération deux ans après Annuel ; les intérêts de la monarchie,le rôle de la France soutenant les rebelles du Rif jusqu’à ce que la situation devienne insoutenable (la participation de la France sera essentielle à Alhucemas), tout cela apparaît et est discuté dans les médias en temps réel et beaucoup apparaît également dans le rapport du général Picasso.

UKRAINE

En revenant du XXe au XXIe siècle, on peut dire que le cadre matériel et mental entre les deux moments ne résiste à aucune comparaison, bien que le traitement informatif de l’invasion de l’Ukraine suscite une réflexion associée.

« L’enlèvement de publications, d’enregistrements et d’autres moyens d’information ne peut être consenti qu’en vertu d’une décision judiciaire », établit la Constitution espagnole de 1978 dans son article 20.

C’est-à-dire que l’enlèvement de publications ou d’autres moyens d’information ne peut être ordonné que par décision judiciaire motivée. D’autre part, l’interdiction temporaire de publication ou de diffusion est considérée comme une mesure de précaution visant à éviter une violation grave des droits ou d’autres biens protégés par le système juridique, qui ne peut également être exécutée que par une résolution judiciaire motivée (STC 187/1999 , du 25 octobre ), clarifie le site Internet du Congrès interprétant la Constitution.

En contradiction apparente avec ce qui précède, l’Union européenne a suspendu en 2022 les activités de diffusion de cinq chaînes publiques russes : Sputnik, Russia Today, Rossiya RTR/RTR Planeta, Rossiya 24/Russia 24 et TV Center International. « Le gouvernement russe a utilisé ces stations comme des instruments pour manipuler l’information et promouvoir la désinformation sur l’invasion de l’Ukraine, y compris la propagande, dans le but de déstabiliser les pays voisins de la Russie et l’UE et ses États membres. » Union.

Concernant le média le plus connu ici, le Conseil de l’Union européenne a décidé le 2 mars 2022 d’adopter « des mesures restrictives supplémentaires en réponse à l’agression militaire, sans provocation et sans aucune justification, par la Russie contre l’Ukraine ». En vertu de ces mesures, l’UE a suspendu d’urgence les activités de diffusion de Spoutnik et de RT-Russia Today (RT-Russia Today en anglais, RT-Russia Today au Royaume-Uni, RT-Russia Today en Allemagne, RT-Russia Today en France). et RT-Russia Today en espagnol) dans l’UE ou dirigée contre celle-ci « jusqu’à ce que l’agression contre l’Ukraine cesse et jusqu’à ce que la Fédération de Russie et ses médias associés cessent de mener des actions de désinformation et de manipulation de l’information contre l’UE et ses membres États’.

Selon le Conseil, « Spoutnik et Russia Today sont sous le contrôle permanent, direct ou indirect, des autorités de la Fédération de Russie et sont essentiels et décisifs pour promouvoir et soutenir l’agression militaire contre l’Ukraine et pour la déstabilisation de ses pays voisins » .

Il conclut que « pour justifier et soutenir son agression militaire contre l’Ukraine, la Fédération de Russie s’est engagée dans des actions continues et concertées de désinformation et de manipulation d’informations contre des membres de la société civile de l’UE et de ses voisins, déformant et manipulant gravement les faits ».

Il est intéressant de préciser quel type d’information l’UE veut empêcher la circulation.

EUvsDisinfo est une initiative du Service européen pour l’action extérieure qui compile depuis 2015 des campagnes de désinformation russes qui affectent l’Union européenne, ses États membres et ses pays voisins, avec lesquels il a un caractère de registre et curieusement il diffuse le contenu de cette plainte.

Concernant l’Espagne, EUvsDisinfo a compilé plusieurs campagnes de désinformation en provenance de Russie ces derniers mois et propose une brève réponse aux personnes intéressées.

  • Le 17 juin, plusieurs médias ont publié depuis Spoutnik que les États-Unis faisaient pression sur l’Espagne et conditionnaient la tenue du sommet de l’Otan à Madrid à l’envoi d’armes lourdes à l’Ukraine.
  • Le 28 juillet, l’information endommagée était que les États-Unis avaient décidé de placer deux nouveaux destroyers sur la base navale de Rota sans consulter l’Espagne.
  • Le 22 août, l’UE enregistre la publication d’un contenu affirmant que l’intérêt de l’Allemagne pour l’interconnexion énergétique avec l’Espagne et le Portugal est un exemple de vassalité pour ce dernier.
  • Le 8 septembre, le contenu dénoncé est la réponse à certaines déclarations de Borrell qui a qualifié la Russie d’« État fasciste », ces morceaux disent que la personne disqualifiée est le haut représentant lui-même avec ces mots pour soutenir les néo-nazis à Kyiv et doutant de la des références démocrates espagnoles, dont le comportement le rapproche des phalangistes.

Ce type de contenu est-il une menace pour la sécurité nationale et européenne ?

L’une des grandes nouveautés de la guerre en Ukraine est le traitement de l’information, de la soi-disant « stratégie du mégaphone » inaugurée les mois précédents, la mise en scène, l’absence dans les médias de preuves graphiques d’affrontements directs, l’activisme des journalistes , analystes et commentateurs qui entravent l’objectif de savoir ce qui se passe, au-delà de leur propre opinion et de la propagande des partis.

La fermeture de Spoutnik et de Russia Today a fait l’objet d’un recours de la France devant la Cour de justice de l’UE, sans succès. El Tribunal General de la Unión Europea desestimó el pasado 27 de julio el recurso que invocaba cuatro motivos, basados en la vulneración, respectivamente, de los derechos de defensa, libertad de expresión e información, derecho de empresa y principio de no discriminación por razón de La nationalité; La compétence du Conseil pour adopter les actes contestés a également été mise en cause ( voici un lien vers l’arrêt).

Le dernier chapitre des décisions dans le cadre de l’Union européenne liées au contenu de l’information pourrait être le règlement sur les services numériques publié le 4 octobre 2022.

« Dans le contexte de la guerre en Ukraine et de ses conséquences en matière de manipulation de l’information en ligne, un nouvel article (il semblerait que ce soit le 36) a été ajouté au texte établissant un mécanisme de réponse aux crises. Ce mécanisme permettra d’analyser comment les activités des très grandes plateformes en ligne et des très grands moteurs de recherche affectent la crise en question et de décider des mesures pour assurer le respect des droits fondamentaux », nous informe le Conseil.

Le règlement sur les services numériques (version du Parlement européen du 19 octobre) précise textuellement qu’« en temps de crise, il peut être nécessaire pour les très grands fournisseurs de plateformes en ligne d’adopter d’urgence certaines mesures spécifiques (…). Une crise doit être envisagée lorsque surviennent des circonstances extraordinaires susceptibles de constituer une menace grave pour la sécurité publiqueou de santé publique dans l’Union ou dans des parties importantes de l’Union. Ces crises pourraient provenir de conflits armés ou d’actes de terrorisme, y compris de conflits émergents ou d’actes de terrorisme, de catastrophes naturelles telles que des tremblements de terre et des ouragans, ainsi que de pandémies et d’autres menaces transfrontalières graves pour la santé publique. La Commission doit être en mesure d’exiger des très grands fournisseurs de plateformes en ligne et des très grands fournisseurs de moteurs de recherche en ligne qu’ils lancent de toute urgence une réponse à la crise. Les mesures que ces fournisseurs peuvent déterminer et envisager d’appliquer peuvent inclure, par exemple, l’adaptation des processus de modération de contenuet l’augmentation des moyens dédiés à la modération des contenus, l’adaptation des conditions générales, des systèmes algorithmiques et des systèmes publicitaires pertinents, l’intensification de la coopération avec des lanceurs d’alerte fiables, la prise de mesures de sensibilisation et la promotion de la fiabilité de l’information et l’adaptation du design de ses interfaces en ligne ».

Ce règlement semble être un autre exemple de restriction de la liberté d’information sans aucune intervention judiciaire.

En temps de crise, nationale, de guerre, on a tendance à prendre des décisions qui finissent par avoir des conséquences dans le temps et qui sont difficiles et lentement réversibles.

La désinformation est un problème de culture médiatique et numérique, de qualité de la démocratie, c’est un effet secondaire de la communication numérique, c’est le reflet de la crise identitaire et du modèle économique des médias traditionnels, ainsi qu’une menace militaire pour la sécurité, nécessaire prouver et argumenter ce dernier; et dans cette guerre en Ukraine, le monde entier est désinformé, ce qui n’est pas contrecarré par des interdictions mais par un plus grand libre échange d’opinions et d’analyses.

Aujourd’hui, une interview d’Abd el Krim à la une d’ El País ne serait clairement pas possible en Espagne ; ou une interview de Saddam Hussein sur ABC (c’était possible par Luis Mariñas en 1990 sur Tele5).

La force de l’Europe et de l’Espagne face à des régimes autoritaires comme la Russie de Poutine n’est pas d’imiter leur comportement restrictif de la liberté d’information, mais de renforcer la libre circulation des opinions, là nous n’aurions pas de concurrence.


Article original en espagnol également publié dans infoLibre et Rebelión. 
Traduction française de l'article trouvé sur le web Maghreb online.

sábado, 29 de octubre de 2022

Abd el Krim y Ucrania

Primera página de La Libertad del 6.8.1922, con entrevista 
y nota manuscrita de Abd el Krim (periódico accesible en la 
Hemeroteca Digital de la Biblioteca Nacional en este enlace).
"Como le he manifestado de palabra le reitero por escrito que el Rif no combate a los Españoles ni siente ningún odio hacia el Pueblo español. El Rif combate a ese imperialismo invasor que quiere arrancarle su libertad a fuerza de sacrificios morales y materiales del noble Pueblo Español" (mayúsculas en el original). Estas declaraciones resultan sorprendentes por su contenido sin duda, y aún más porque su autor es el propio líder rifeño Abd el Krim, por su fecha de agosto de 1922 y porque fue publicado con una entrevista en primera página de un periódico principal español.

En un momento de máxima tensión bélica, con parte de aquel Protectorado de Marruecos levantado en armas, tiempos de movilización, nacionalismo extremo, combates, prisioneros y muertos, la opinión del máximo responsable de la efímera República del Rif llegaba a los españoles a través de los medios de comunicación españoles, incluso a pesar de la censura imperante en la época o de las limitaciones técnicas del momento, telemáticas, de impresión, en muchas ocasiones se enviaban los negativos y las imágenes se revelaban en la península.

Es un momento que permite alguna reflexión sobre comunicación, libertad de expresión y ciudadanía informada en un entorno nacional de guerra, como los de hace un siglo o en este 2022 con motivo de la invasión de Ucrania por Rusia y la implicación a todos los niveles -excepto con tropas de combate sobre el terreno, que sepamos- por parte de España y la Unión Europea, cuando asistimos a restricciones a la información, discurso público monocorde e incluso cierre de medios de comunicación.

El calendario, que se mueve con la persistencia del goteo de un grifo mal cerrado, nos acerca aniversarios que ofrecen la ocasión de profundizar, recientemente sobre el llamado 'desastre de Anual', la matanza de unos 12.000 militares españoles y al servicio de España en el norte de Marruecos entre julio y agosto de 1921. 

La conmemoración no ha venido acompañada en España de un relectura del colonialismo, al menos un análisis crítico, presente en otras latitudes y aquí pendiente, que va afectando en diferente medida en medio mundo a estatuas ecuestres, fondos de museos y en el mejor de los casos, como en Bélgica, a informes de historiadores y comisiones de investigación; lo que lejos de un reproche es una ventana de oportunidad para escribir, un aliento. a propios y extraños. 

Las guerras consecuencia de la ocupación colonial de Marruecos no sólo marcaron cuatro lustros de combates y desastres a comienzos del siglo XX (desde la conferencia de Algeciras de 1906 que establece el Protectorado hasta después del desembarco de Alhucemas en 1925), sino que están detrás del golpe de Estado y de la dictadura de Primo de Rivera (1923), del golpe de Estado de 1936 y 38 años de dictadura de Franco. Como ha estudiado el historiador Julián Casanova, la violencia colonial europea acabó en las metrópolis, también y sobre todo en España.

El centenario del denominado 'Desastre de Anual' es buena ocasión entonces para revisitar algunos libros, tirar de referencias como las cerezas y descubrir auténticas joyas semidesconocidas.

Para empezar, un descubrimiento literario, "Imán", la primera novela de Ramón J. Sender, publicada en 1930, que transcurre sin referencias explícitas por los acontecimientos de Anual y refleja las penurias de un soldado, la degradación moral y brutalidad de la guerra y de la ocupación colonial con la fuerza que muchas veces sólo puede transmitir la literatura. El título no hace referencia a la religión, sino a la capacidad de atraer las desgracias de uno de los protagonistas. El autor fue uno de los 200 mil españoles que cumplieron servicio militar por aquellos años en Marruecos, si no se tenían recursos económicos para evitarlo.

Ramón J. Sender cultivó el periodismo además y antes que la novela, y resulta curioso también la dedicación profesional al periodismo de políticos de la época como Indalecio Prieto, que estuvo también en Marruecos como cronista de guerra por esos años veinte.

El periodista y escritor Jorge Martínez Reverte, fallecido en marzo de 2021, dejó acabado y se publicó meses después "El vuelo de los buitres. El desastre de Annual y la guerra del Rif" (Galaxia Gutemberg, 2021), crónica digamos de historia novelada con interesantes fuentes marroquíes e incluso co-autoría.

En el campo de la comunicación que nos ocupa, "El desastre de Annual a través de la prensa", de Antonio Rubio, publicado en junio de 2022, reaprovechamiento de trabajos previos del autor, es una auténtica caja de sorpresas y de referencias a partir del trabajo de una serie de periodistas que escribieron pisando el terreno en aquellos años en Marruecos a medio camino entre el periodismo de guerra y el de investigación con una profesionalidad que sorprende un siglo después. 

Por las páginas aparecen Manuel Aznar (abuelo de quien fuera presidente del Gobierno), Luis de Oteyza, Víctor Ruiz Albéniz, Rafael López Rienda y muchos otros, generaciones de periodistas que dejaron escrita su calidad profesional y cuya trayectoria en muchos casos se vio truncada tras la Guerra Civil. Gran parte de los periodistas que aparecen en el libro acabaron en el exilio.

Imagen del periodista Luis de Oteyza con Abd el Krim.
Capítulo propio merece Luis de Oteyza, director del periódico La Libertad y autor de la entrevista referida a Abd el Krim un año después de Anual, en viaje secreto en el que tras no pocos requiebros acaba encontrándose con el líder rifeño y con los más de 300 prisioneros españoles -incluidos generales- que allí seguían un año después del desastre, curiosamente alimentados por los propios españoles que dejaban el sustento en playa cercana. Oteyza se hizo acompañar de dos fotógrafos, uno de ellos Alfonso hijo, autor de imágenes icónicas de Abd el Krim; publicó la entrevista y lo contó además en extenso en el libro "Abd el Krim y los prisioneros", publicado por primera vez en 1924 y reeditado por Ediciones del Viento en 2018.

El libro de Oteyza, la novela de Ramón J. Sender, están pegados por fecha de publicación y por contenido a los acontecimientos, lo que multiplica su valor al no contar con perspectiva temporal. Como referencia ilustrativa, la mitad de la población española en aquella época era analfabeta y un periódico como La Libertad tiraba más de 200 mil ejemplares diarios.

El golpe de Estado de Primo de Rivera de 1923 apoyado por Alfonso XIII, probablemente animados en cortar las consecuencias políticas y militares de los desastres en Marruecos, investigados por el general Picasso, cambiaron las circunstancias de la prensa y del país.

Hasta ese momento la ciudadanía española estuvo bastante bien informada sobre las circunstancias bélicas en Marruecos, teorías sobre los intereses económicos que promovieron aquella experiencia colonial (explotación de las minas del Rif); la corrupción de la Administración colonial, en manos militares la mayor parte de aquellos años; el rescate de los prisioneros españoles, un naviero vasco -Horacio Echevarrieta- que aparece en todas las salsas (editor de periódicos, filo nazi y filo Franco) pagó el rescate de cinco millones de aquellas pesetas por su liberación dos años después de Anual; los intereses de la monarquía, el papel de Francia apoyando a los rebeldes rifeños hasta que la situación se hace insostenible (la participación de Francia será imprescindible en Alhucemas), todo esto aparece y se trata en los medios en tiempo real y mucho aparece también en el informe del general Picasso.

UCRANIA

Volviendo del siglo XX al XXI, cabe decir que el marco material y mental entre ambos momentos no resiste comparación alguna, aunque el tratamiento informativo de la invasión de Ucrania provoque cierta reflexión asociada.

"Sólo podrá acordarse el secuestro de publicaciones, grabaciones y otros medios de información en virtud de resolución judicial", establece la Constitución Española de 1978 en su artículo 20.

Es decir, el secuestro de publicaciones u otros medios de información sólo podrá acordarse mediante resolución judicial motivada. Por otra parte, la prohibición temporal de publicación o emisión se considera una medida cautelar destinada a evitar un grave vulneración de derechos u otros bienes protegidos por el ordenamiento que igualmente sólo podrá efectuarse mediante resolución judicial motivada (STC 187/1999, de 25 de octubre), aclara la web del Congreso interpretando la Constitución.

En contradicción aparente con lo anterior, la Unión Europea ha suspendido en 2022 las actividades de radiodifusión de cinco emisoras rusas de propiedad estatal: Sputnik, Russia Today, Rossiya RTR/RTR Planeta, Rossiya 24/Russia 24 y TV Centre International. "El Gobierno ruso ha utilizado estas emisoras como instrumentos para manipular la información y promover la desinformación sobre la invasión de Ucrania, propaganda incluida, con el objetivo de desestabilizar a los países vecinos de Rusia y a la UE y sus Estados miembros.", argumenta la Unión.

En lo que afecta a los medios más conocidos por aquí, el Consejo de la Unión Europea decidió el 2 de marzo de 2022 adoptar "medidas restrictivas adicionales en respuesta a la agresión militar, sin mediar provocación y sin justificación alguna, de Rusia contra Ucrania". En virtud de estas medidas, la UE suspendía urgentemente las actividades de radiodifusión de Sputnik y RT-Russia Today (RT-Russia Today en inglés, RT-Russia Today del Reino Unido, RT-Russia Today de Alemania, RT-Russia Today de Francia y RT-Russia Today en español) en la UE, o dirigidas a esta, "hasta que cese la agresión contra Ucrania y hasta que la Federación de Rusia y sus medios de comunicación asociados dejen de llevar a cabo acciones de desinformación y manipulación de la información contra la UE y sus Estados miembros".

Según el Consejo, "Sputnik y Russia Today están bajo el control permanente, directo o indirecto, de las autoridades de la Federación de Rusia y son esenciales y decisivas para impulsar y apoyar la agresión militar contra Ucrania y para la desestabilización de sus países vecinos".

Concluye que "para justificar y apoyar su agresión militar contra Ucrania, la Federación de Rusia ha emprendido acciones de desinformación y manipulación de la información continuas y concertadas contra los miembros de la sociedad civil de la UE y de sus vecinos, distorsionando y manipulando gravemente los hechos".

Es interesante concretar qué tipo de información desea la UE impedir que circule.

EUvsDisinfo es una iniciativa del Servicio Europeo de Acción Exterior que recopila desde 2015 campañas de desinformación de Rusia que afectan a la Unión Europea, sus Estados miembros y sus países vecinos, con lo que tiene un carácter de registro y curiosamente da difusión a los contenidos que denuncia.

Primera página de La Libertad del 8.8.1922, con entrevista 
y nota manuscrita de Abd el Krim (periódico accesible en la 
Hemeroteca Digital de la Biblioteca Nacional en este enlace).

Relacionado con España, EUvsDisinfo ha recopilado en los últimos meses varias campañas de desinformación procedentes de Rusia, y ofrece una breve respuesta para los interesados.

  • El 17 de junio varios medios publicaron a partir de Sputnik que Estados Unidos presionó a España y condicionó la celebración de la cumbre de la OTAN a Madrid a que enviara armamento pesado a Ucrania.
  • El 28 de julio la información averiada era que Estados Unidos ha decidido emplazar dos nuevos destructores en la base naval de Rota sin consultar con España.
  • El 22 de agosto la UE registra la publicación de contenidos que afirman que el interés de Alemania por la interconexión energética con España y Portugal es un ejemplo de vasallaje para estos últimos.
  • El 8 de septiembre el contenido denunciado es la respuesta a unas declaraciones de Borrell que llamó "Estado fascista" a Rusia, dicen estas piezas que el descalificado es el propio alto representante con estas palabras por apoyar a los neonazis en Kiev y duda de las credenciales democráticas del español, cuyo comportamiento le acerca a los falangistas.

¿Resultan este tipo de contenidos una amenaza para la seguridad nacional y europea? 

Una de las grandes novedades de la guerra en Ucrania es el tratamiento de la información, desde la llamada 'estrategia del megáfono' inaugurada en los meses previos, la puesta en escena, la ausencia en medios de pruebas gráficas de enfrentamientos directos, el activismo de periodistas, analistas y tertulianos que dificultan el objetivo de conocer lo que está ocurriendo, más allá de la opinión propia y de la propaganda de las partes.

El cierre de Sputnik y Russia Today fue recurrido desde Francia ante el Tribunal de Justicia de la UE, sin éxito. El Tribunal General de la Unión Europea desestimó el pasado 27 de julio el recurso que invocaba cuatro motivos, basados en la vulneración, respectivamente, de los derechos de defensa, libertad de expresión e información, derecho de empresa y principio de no discriminación por razón de la nacionalidad; también se cuestionaba la competencia del Consejo para adoptar los actos impugnados (aquí enlace a sentencia).

El último capítulo de decisiones en el marco de la Unión Europea relacionado con contenidos informativos podría ser el Reglamento de Servicios Digitales publicado este 4 de octubre de 2022. 

"En el contexto de la guerra en Ucrania y de sus consecuencias en relación con la manipulación de información en línea, se ha añadido al texto un nuevo artículo (parece ser el 36) por el que se establece un mecanismo de respuesta a las crisis. Este mecanismo permitirá analizar cómo afectan a la crisis en cuestión las actividades de las plataformas en línea de muy gran tamaño y de los motores de búsqueda de muy gran tamaño y decidir medidas para garantizar que se respeten los derechos fundamentales", nos informa el Consejo.

El Reglamento de Servicios Digitales (versión del Parlamento Europeo de 19 de octubre) dice textualmente que "en tiempos de crisis puede ser necesario que los prestadores de plataformas en línea de muy gran tamaño adopten con urgencia determinadas medidas específicas (...). Debe considerarse que se produce una crisis cuando se producen circunstancias extraordinarias que pueden dar lugar a una amenaza grave para la seguridad pública o la salud pública en la Unión o en partes significativas de la Unión. Estas crisis podrían derivarse de conflictos armados o actos de terrorismo, incluidos los conflictos o actos de terrorismo emergentes, las catástrofes naturales como terremotos y huracanes, así como las pandemias y otras amenazas transfronterizas graves para la salud pública. La Comisión debe poder exigir a los prestadores de plataformas en línea de muy gran tamaño y a los prestadores de motores de búsqueda en línea de muy gran tamaño, que inicien urgentemente una respuesta a la crisis. Las medidas que dichos prestadores pueden determinar y considerar aplicar pueden incluir, por ejemplo, la adaptación de los procesos de moderación de contenidos y el aumento de los recursos dedicados a la moderación de contenidos, la adaptación de las condiciones generales, los sistemas algorítmicos pertinentes y los sistemas publicitarios, la intensificación de la cooperación con los alertadores fiables, la adopción de medidas de concienciación y la promoción de información fiable y la adaptación del diseño de sus interfaces en línea". 

Parece ser este Reglamento otro ejemplo de restricción de la libertad de información sin intervención judicial alguna.

En tiempos de crisis, nacional, bélica, se tiende a tomar decisiones que acaban teniendo consecuencias en el tiempo y son difícil y lentamente reversibles.

La desinformación es un problema de alfabetización mediática y digital, de calidad de la democracia, es efecto secundario de la comunicación digital, es reflejo de la crisis de identidad y modelo de negocio de los medios de comunicación tradicionales, además de amenaza de seguridad militar, necesitada de probar y argumentar esta última; y en esta guerra de Ucrania anda todo el mundo desinformando, lo que no se contrarresta con prohibiciones sino con un mayor intercambio libre de opiniones y análisis.

Hoy claramente no sería posible en España una entrevista a Abd el Krim en primera página de El País; o una entrevista a Saddam Huseín en ABC (sí fue posible por Luis Mariñas en 1990 en Tele5).

La fortaleza de Europa y España frente a regímenes autoritarios como la Rusia de Putin no es imitar su comportamiento restrictivo de la libertad de información, sino reforzar la libre circulación de opiniones, ahí no tendríamos competencia.

Artículo publicado también en el blog ‘Al revés y al derecho’ de infoLibre.

Sugerencias

  • El expediente Picasso: Edición de su resumen publicado en 1931. Conmemoración del centenario del desastre de Annual (1921-2021) (BOE, 2021).
  • La guerra de Marruecos en la narrativa española (1859-1927), por Juan José López Barranco (tesis doctoral, 2003).

jueves, 29 de septiembre de 2022

Opinión pública, comunicación y Unión Europea, ¿compatibles?

Foto: acto público en Mota del Cuervo (Cuenca). PND.
Foto: acto público en Mota del Cuervo (Cuenca). PND.
La información relacionada con la Unión Europea no es siempre atractiva, pero interesa, se lee y se pueden encontrar artículos y análisis de calidad en medios nacionales e internacionales, aunque quizá no con la intensidad que los especialistas en la UE quisieran o los europeístas comprometidos.

Son -las anteriores- ideas que circularon en la mesa sobre opinión pública y comunicación que se celebró este 29 de agosto en Santander en el marco del curso de verano organizado por el Movimiento Europeo en la UIMP, mesa moderada por Fernando Carbajo, profesional de larga experiencia en comunicación en instituciones europeas, tanto desde Madrid como desde Bruselas.

Carbajo destacó que las presidencias del Consejo de la UE -la próxima española en 2023 será la quinta ocasión- siempre están marcadas por coyunturas imprevistas -reciente covid, hoy Ucrania- y por la agenda interna de los países, la pasada de Francia nada menos que por elecciones presidenciales, en España el año próximo están previstas elecciones municipales, autonómicas y nacionales.

Cómo implicar a los ciudadanos sobre temas europeos es la gran pregunta. "Los ciudadanos no están tan despistados", afirmó Carbajo, citando eurobarómetros donde el 88% de los encuestados se muestra a favor de una política común de defensa y seguridad; y el 87% de los ciudadanos entienden que hay que reducir la dependencia energética de Rusia.

"Viví la euforia de la entrada de España en Europa, que se identificaba con la modernidad, el futuro, la democracia, ese proyecto sigue ahí y tenemos el deber de compartirlo con los jóvenes", afirmó rotunda Encarna Samitier, directora de 20 Minutos.

Esta profesional señaló que "los ciudadanos en encuestas y estudios de opinión dicen que confían en la UE como solución"; añadió que "se esta haciendo un esfuerzo por superar los clichés".

Se mostró convencida de que "los medios además damos más buenas noticias que malas", en contra de lo comúnmente aceptado. Los medios son un espejo de la realidad, que puede ser un espejo deformado o fiable, señaló, si bien "hay que hacer lo correcto", sin esperar gratificación, aunque se agradezca.

"Percibo un cambio sustancial, las instituciones y sus responsables, los medios de comunicación también, tenemos que entender que es nuestra responsabilidad contar los avances de la UE -continuó Samitier-, estamos obligados a ello por el compromiso con una Europa libre, solidaria y democrática, eso incluye subrayar problemas y también sus soluciones, la compra centralizada de vacunas con el covid o los fondos Next son dos buenos ejemplos".

Para la directora de 20 Minutos, "Europa importa a los jóvenes y a los lectores, depende de cómo lo cuentes y haces llegar cómo impacta sobre el ciudadano", y demostró con datos de audiencia esas afirmaciones. El medio que dirige mantiene una colaboración continuada con el Parlamento Europeo en España para transmitir contenidos sobre Europa.

La realidad europea "habría que contarla aunque no nos diera clics, la alegría y esperanza es que además se lee", concluyó.

Miguel Ángel Aguilar, presidente de la Asociación de Periodistas Europeos, animó a los propios medios de comunicación a analizar cómo cubren la información sobre temas europeos, un ejercicio de autocrítica poco practicado.

"Europa ha estado indisolublemente unida a la recuperación de las libertades en España, ha sido clave y la esperanza", afirmó Aguilar, "el problema es que solo se suele apreciar de lo que se ha carecido", explicando así parte de la indiferencia actual.

"Más Europa y más dimensiones para Europa", demandó Aguilar, "fuera de Europa no hay supervivencia posible para los europeos". Finalizó afirmando que "Europa o difunde derechos, libertades, prosperidad, o importará esclavitudes y precariedades".

"Estamos en un momento de inundación informativa, y lo que falta es información potable, verificada, contrastada", añadió.

El periodista de El País Xavier Vidal-Folch, especialista en temas económicos y Unión Europea, compartió el ejercicio de identificar en los últimos tres años iniciativas. medidas e instrumentos puestos en marcha por la UE, y contabilizó 46 actuaciones que no habían sido adoptadas con anterioridad, en asuntos sanitarios o política de defensa, por ejemplo, además "en un sentido integrador, profundizador y federalizante", señaló, "esta es la realidad" de lo que calificó como "un trienio refundador" del proyecto europeo. Para Vidal-Folch, estos avances no han sido reconocidos por la opinión publicada; aunque hay libros y artículos del máximo interés que anima a buscar y leer porque existen, opinión compartida desde el público por la profesora Mariola Urrea.

"La revisión de los Tratados no es una cosa divertida", ironizó el ponente, llevamos además media docena, muchas veces con "enjuagues innobles", y recomendó definir en unos pocos asuntos concretos los avances que requieren esa reforma institucional, para de ese modo llegar mejor al ciudadano.

En el apartado de preguntas y debate, Francisco Aldecoa señaló que la Conferencia sobre el Futuro de Europa ha tenido una repercusión mínima, ni una entrevista ha sido publicada a los 27 participantes españoles en la Conferencia.

Para Fernando Carbajo, la actualidad europea se ha extendido en los últimos años, ha calado por todas las áreas de la información, en ese sentido se ha hecho un gran progreso, ya no está confinada en el derecho internacional o en asuntos institucionales, en su opinión no es cierto que no haya información sobre Europa, forma parte por capilaridad de toda la actualidad. En relación con la Conferencia sobre el Futuro de Europa, se mostró partidario de trasladar sus conclusiones a los partidos políticos y animarles para que las estudien entre sus propuestas ante las próximas citas electorales.


Artículo publicado en Europa en movimiento, 

revista mensual del Movimiento Europeo en España.

lunes, 25 de julio de 2022

Información, memoria y pedagogía democrática


Comisión de la Verdad de Colombia.

A seis mil kilómetros al este de Madrid, el asalto violento al Capitolio norteamericano está centrando la actualidad política norteamericana este comienzo del verano de 2022 por la celebración de una comisión de investigación parlamentaria que va dejando cada vez más claro que se trató de un autogolpe de Estado del anterior presidente Donald Trump. La información solo compite con las últimas sentencias regresivas del Tribunal Supremo de EEUU sobre el aborto, el control de armas y el cambio climático. 

El valor de la comisión sobre el 6 de enero de 2021 reside en ofrecer información sobre lo que pasó; memoria, que es débil, en año y medio los sucesos parecen de otra época, ya casi olvidados; y pedagogía democrática.
En una reciente estancia pude comprobar la coyuntura política norteamericana y también la estructura, llamémosle así, los mensajes que EEUU como Estado lanza de forma continuada  a ciudadanos propios y ajenos desde sus estructuras, por ejemplo, desde sus museos.
El presidente Lincoln vigila la capital política del país desde un partenón en un extremo del National Mall, que indica el triunfo del dórico en EEUU como en ningún otro lugar del planeta, sentado en un templo griego con enormes inscripciones talladas de su segundo discurso de investidura y su discurso de Gettysburg, ambos marcados por la guerra civil.
"Nuestros padres hicieron nacer en este continente una nueva nación concebida en libertad y consagrada al principio de que todas las personas son creadas iguales (...). Que este país, bajo Dios, pueda tener un nuevo nacimiento de libertad, y que el Gobierno del pueblo, por el pueblo y para el pueblo, no desaparecerá de la Tierra", palabras de Lincoln allí grabadas.

Museo de la Guerra Civil Americana
en Richmond (Virginia).
En el recomendable Museo de la Guerra Civil Americana en Richmond (Virginia), recordemos que la ciudad fue la capital confederada, se ofrece información detallada del conflicto (1861-1865), que fue guerra de secesión (siete Estados quisieron irse de la federación), información de batallas, protagonistas; de 750.000 víctimas mortales, cifra no superada de nacionales fallecidos en una guerra, casi el doble que en la Segunda Mundial; se ofrecen mensajes políticos sobre las bondades de la Unión, de la igualdad en derechos de cualquier ciudadano y mucho contenido sobre la segregación racial de los norteamericanos de origen africano.
Sale de allí uno bien informado sobre cómo la abolición de la esclavitud fue decisión acelerada por la guerra (los padres fundadores no eran de la idea unas décadas antes) y cómo la igualdad legal de derechos fue torpedeada con éxito en la realidad durante más de un siglo, al menos hasta los años 60 del siglo XX. Tenemos aquí memoria, información y mensajes políticos democráticos.
Tres mil ochocientos kilómetros al sur, y a un clic instantáneo de distancia, este mes de junio se ha difundido el informe final de la Comisión de la Verdad en Colombia.
"Somos una Entidad de Estado que busca el esclarecimiento de los patrones y causas explicativas del conflicto armado interno que satisfaga el derecho de las víctimas y de la sociedad a la verdad, promueva el reconocimiento de lo sucedido, la convivencia en los territorios y contribuya a sentar las bases para la no repetición, mediante un proceso de participación amplio y plural para la construcción de una paz estable y duradera".
Y ¿qué han hecho? "El proceso para crear el Informe Final comenzó en noviembre de 2018 y se desarrolló dentro de un enfoque de varios niveles para descubrir, comprender y analizar el conflicto armado que se ha extendido por medio siglo”. En medio de este trabajo, se resaltan los siguientes logros:

  • La recolección de cerca de 15.000 entrevistas individuales y colectivas, tanto en el territorio nacional como a los colombianos exiliados en 23 países, lo que permitió escuchar directamente a cerca de 30.000 personas.
  • La investigación en profundidad sobre 730 casos y 1.195 informes de hechos de violencia durante el conflicto armado.
  • La creación de 28 Casas de la Verdad en municipios afectados por el conflicto armado.
  • La realización de 14 Diálogos para la no continuidad y la no repetición del conflicto armado, 10 Reconocimientos (de responsables y de dignificación a víctimas), 17 Contribuciones a la verdad (entre ellas las cinco sostenidas con los expresidentes Ernesto Samper, Andrés Pastrana, Álvaro Uribe y Juan Manuel Santos), 16 Encuentros por la Verdad, 53 Espacios de escucha (de todos los sectores, incluida la Fuerza Pública), 23 escenarios de convivencia y cinco diálogos de recomendaciones.
  • La colaboración de 186 voluntarios y cerca de 800 organizaciones internacionales que apoyaron el proceso de escucha en países como España, Suecia, Reino Unido, Francia, Alemania, Suiza, Italia, Noruega, Holanda, Bélgica, Grecia, Dinamarca, Canadá, Estados Unidos, México, Costa Rica, Panamá, Ecuador, Venezuela, Argentina, Chile, Uruguay y Brasil.
  • Más de 23.000 horas de investigación y deliberación con documentos históricos, expertos multidisciplinarios y archivos nacionales, incluida la exploración en profundidad de la difícil situación de los pueblos étnicos (comunidades negras, indígenas y Rom) durante la guerra.
El objetivo de la Comisión con la presentación de su Informe Final y su legado es “que los hallazgos y recomendaciones que son el resultado de su proceso contribuyan significativamente a la dignificación de las víctimas y tengan un impacto real en las políticas públicas y en la población colombiana en general". 
El resultado es un muy recomendable e inmenso trabajo que se puede sintetizar en información, memoria y pedagogía democrática sobre un conflicto que entre 1985 y 2018 registró en Colombia al menos 450.000 homicidios.
Ocho mil kilómetros al noreste de Bogotá, y a centímetros de su sensibilidad, se acaba de aprobar este 14 de julio en el Congreso español la Ley de Memoria Democrática (aquí enlace a proyecto de ley, BOCG de 7 de julio) con 173 votos a favor, 159 en contra y 14 abstenciones; cinco de los votos favorables pertenecieron a EH Bildu, independentistas vascos, las matemáticas dicen que no fueron imprescindibles; lo destacable es cómo partidos sistémicos como el PP, de extremo centro en extinción como Ciudadanos o aparentemente de izquierdas como ERC no apoyaran la ley con entusiasmo.
Valle de los Caídos, mayo de 2022.
Valle de los Caídos (España), mayo de 2022.

El proyecto de ley irá en septiembre al Senado para su previsible aprobación definitiva.

La ley, continuidad de la norma aprobada bajo la presidencia de José Luis Rodríguez Zapatero en 2007, "profundiza en la política de Estado en favor de la verdad, la justicia, la reparación y el deber de memoria como garantía de no repetición", según argumenta el Gobierno en nota informativa, de gran utilidad para quien no tenga tiempo o interés en leerse el texto completo de la ley.
La norma incluye la recuperación, salvaguarda y difusión de la Memoria Democrática, centrada en el conocimiento de la reivindicación y defensa de los valores democráticos y los derechos y libertades fundamentales a lo largo de nuestra edad contemporánea. Por primera vez se condena de manera expresa el golpe militar de julio de 1936 y la dictadura franquista.
La norma profundiza en el reconocimiento de quienes padecieron persecución o violencia durante la Guerra Civil de España y la dictadura franquista, hasta la promulgación de la Constitución Española de 1978 y homenajea a todas las víctimas de la contienda. También reconoce la Ley de Amnistía como un logro de todos los demócratas y pone en valor la importancia de la Transición y de la Constitución de 1978, como pilar fundamental de la democracia.
La ley se fundamenta en los derechos humanos y en los principios fundamentales del derecho internacional humanitario (verdad, justicia, reparación y deber de memoria) y da respuesta a las recomendaciones de los organismos internacionales, como Naciones Unidas.
Respecto a la verdad
  • Declara el derecho de los familiares y la sociedad a conocer la verdad de lo ocurrido.
  • El Estado asume el liderazgo en la búsqueda e identificación de desaparecidos y el impulso de las exhumaciones.
  • Establece la elaboración de un censo de todas las víctimas de la guerra y la dictadura y se garantiza la preservación de documentos y el acceso a los archivos.
  • Impulsa la creación de un banco nacional de ADN de víctimas de la guerra y la dictadura y un registro y censo de víctimas.
  • Recoge un reconocimiento explícito del papel del movimiento memorialista y crea una estructura estable de participación a través del Consejo de la Memoria Democrática.
Respecto a la justicia
  • Declara la ilegalidad de los tribunales franquistas de excepción y la nulidad de sus sentencias y pone en el centro de la acción pública a las víctimas.
  • Declara el derecho a la investigación de las violaciones de derechos humanos de la guerra y la dictadura hasta la promulgación de la Constitución de 1978.
  • Impulsa la creación de una Fiscalía de Sala de Derechos Humanos y Memoria Democrática en la Fiscalía General del Estado como instrumento de la investigación.
Respecto a la reparación
  • Avanza en la necesidad de realizar una auditoría y un inventario de bienes incautados y sanciones económicas durante la Guerra Civil y la dictadura franquista.
  • Se incluyen dos nuevos supuestos de adquisición de nacionalidad española para quienes sufrieron el exilio.
Respecto al deber de Memoria como garantía de no repetición
  • Los contendidos de Memoria se han incluido en las enseñanzas de ESO y Bachillerato.
  • Se fomentará la investigación en materia de memoria democrática.
Además, la Ley reconoce expresamente el papel desempeñado por las mujeres en su lucha por la conquista de derechos y libertades que ocupan un lugar transversal y singular a lo largo de la norma. También establece la obligación de retirar vestigios franquistas, dispone la extinción de fundaciones que hagan apología del franquismo o actividades que supongan menosprecio y humillación de la dignidad de las víctimas y establece un régimen sancionador que garantiza el cumplimiento de la ley con multas que van desde los 200 a los 150.000 euros.
La norma establece dos días oficiales de memoria: el 31 de octubre, para el recuerdo y homenaje a todas las víctimas, y el 8 de mayo, para el recuerdo y homenaje de las víctimas del exilio.
Finalmente, incluye una regulación exhaustiva de los supuestos contrarios a la memoria democrática, avanza en lo relativo al patrimonio documental, regula los lugares de memoria y modifica el régimen jurídico del conjunto del Valle de los Caídos como paso previo a su resignificación.
La Ley de Memoria alcanza hasta el año 1978, año de aprobación de la Constitución española, y contiene una disposición adicional que permitirá la creación de una Comisión de expertos que pueda investigar posibles vulneraciones de derechos humanos a personas que lucharon por la libertad y la democracia desde la entrada en vigor de la Constitución hasta 1983, informa Presidencia.
Disfrazado de bisonte
Estos procesos de memoria democrática, justicia transicional, comisiones de la verdad, que en España han tenido su traducción en las leyes de memoria de 2007 y 2022 (aquí enlazo un artículo propio sobre este tipo de iniciativas), siempre encuentran resistencia y no resultan sencillos en ninguna geografía, son incómodos para muchos e imprescindibles para sus respectivas sociedades.
La tramitación parlamentaria de la ley española ha generado rechazos múltiples entre muchos hoy más ocupados en defender su biografía que las ideas que la inspiraron; abundan también quienes no aprovechan ninguna oportunidad de condenar la dictadura y sus efectos, nostálgicos del franquismo, de su juventud o de otro planeta distinto al actual; la ley se ha visto además marcada por el peregrino argumento de haber sido casi redactada por el terrorismo independentista vasco a los 12 años de haber desaparecido la organización terrorista bajo un Gobierno del mismo partido socialista que ha redactado la ley.
Se da la circunstancia de que en la España de 2022 florece el antiterrorismo sin ETA, como hay más anticomunistas sin la URSS que comunistas quedan, falta de argumentos políticos y repesca de estrategias que funcionaron para algunos en el pasado.
Monumento a Lincoln en Washington.
Si Lincoln se levantara de su asiento de mármol dórico firmaría al pie el informe colombiano y la ley de memoria democrática española, y seguiría aterrado por televisión, emitido en horario de máxima audiencia, las comparecencias sobre el asalto al Capitolio y la deslegitimación de los resultados electorales por parte del Partido Republicano, indistinguible de Trump.

"Hay futuro si hay verdad", han escogido en Colombia como lema para presentar su trabajo y conclusiones; que se podría traducir en que la democracia es uno de esos asuntos que hay que trabajarse todos los días, porque nunca está el proceso finalizado, hay que mantener cierta tensión continuada, como sucede en algunos ejercicios de respiración.
En caso contrario en cualquier momento se puede uno encontrar en la cocina a un tipo disfrazado de bisonte y con los pies encima de la mesa. Al conocido como "chamán de QAnon" le han condenado a tres años y cinco meses de cárcel; hay otros 600 imputados. Esos 41 meses de cárcel también son pedagogía democrática.


Artículo publicado también en el blog 'Al revés y al derecho' de infoLibre.



martes, 19 de julio de 2022

Embajador checo: "Europa es más que la UE"

Ucrania omnipresente y su reconstrucción, el suministro energético de la UE especialmente el próximo invierno y una mirada amplia sobre Europa y sus intereses centran el arranque de la presidencia semestral de la República Checa del Consejo de la Unión Europea, donde acaba de suceder a Francia y cederá el testigo a Suecia a comienzos de 2023 en esta responsabilidad.
Así lo transmitió este 15 de julio el embajador de la República Checa en España, Iván Jancarek, durante un desayuno informativo organizado por el Movimiento Europeo en la sede de las instituciones europeas en Madrid, recuperando esta fórmula de presentaciones y debate que se había visto restringida durante los últimos meses como consecuencia de la pandemia provocada por el covid.
"Hay que evitar que en el siglo XXI volvamos al siglo XIX", señaló el embajador, en relación con la invasión de Ucrania y la amenaza a Europa que supone "el ataque ruso a nuestros valores e intereses", lo que obliga a reforzar los instrumentos de Defensa y paliar sus consecuencias.
En este sentido, la reconstrucción de Ucrania, la Defensa -reconociendo el protagonismo de la OTAN en la defensa territorial- y la energía copan tres de los cinco ejes de la Presidencia Checa, junto con la economía -acuerdos de libre comercio- y la defensa de la democracia dentro y fuera de nuestras fronteras. 
En relación con la energía, Jancarek hace hincapié en la importancia de superar el próximo invierno, para lo que pide la solidaridad de todos los socios europeos.
El embajador de la República Checa trasladó un mensaje realista sobre su presidencia, tanto por la agenda prevista -"siempre sucede algo" que cambia las previsiones-, como por la fuerza de esta responsabilidad semestral, en la que más que imponer una agenda "somos mediadores entre países y entre instituciones, el objetivo es alcanzar un compromiso aceptable por todos", y se mostró partidario de alcanzar resultados concretos y útiles más que largas negociaciones o reformas institucionales que se prolongan en el tiempo.
En cualquier caso, Iván Jancarek trasladó una mirada de largo alcance geográfico en el desayuno organizado por el Movimiento Europeo. Por una parte, se mostró partidario de avanzar en la ampliación de la UE a los países tanto candidatos como Ucrania o Moldavia como a otros de los Balcanes interesados como Albania, Serbia o Bosnia.
El embajador de la República Checa hizo asimismo varias referencias a la "comunidad política europea" a la que se puedan incorporar países que comparten los valores de la Unión Europea pero que no pertenecen al club, iniciativa del presidente Macron durante su presidencia (Reino Unido, Suiza o países pequeños como Andorra fueron citados en este sentido por el embajador).
Jancarek mostró además la disposición checa para avanzar en acuerdos de libre comercio con Chile, México, desbloquear el ya negociado con Mercosur, e incluso su interés llegó al Indo-Pacífico (Australia, Indonesia) donde "China no es enemigo, pero sí rival sistémico".
Preguntado por los asistentes, definió el grupo de Visegrado (formado por Eslovaquia, Hungría, Polonia y República Checa) como una asociación de cooperación regional, pero menos cohesionada que en el pasado, cuando se oponía a muchas de las políticas de la UE.
El acto estuvo presentado y moderado por Francisco Aldecoa, presidente del Movimiento Europeo, que compartió cierto sentimiento de decepción por la concreción de las conclusiones de la Conferencia sobre el Futuro de Europa que se ha desarrollado entre mayo de 2021 y mayo de 2022, y su escasa incidencia sobre la opinión pública. 
En relación con la Conferencia, la directora de la Representación de la Comisión Europea en España, María Ángeles Benítez, señaló que el Consejo Europeo celebrado este junio al final de la presidencia francesa tenía el papel de tomar postura sobre esas conclusiones.
A partir de ahí, Benítez informó -en línea con la Comunicación aprobada el 17 de junio- que deberá ser la Comisión Europea el organismo que concrete las iniciativas que desarrollen lo marcado por la Conferencia sobre el Futuro de Europa, y emplazó a los interesados al Discurso sobre el Estado de la Unión de la presidenta Von der Leyen que se celebrará el próximo 14 de septiembre.
La directora de la Representación de la Comisión Europea en España añadió que además de reformas institucionales, es mucho lo que la Unión Europea puede hacer en cumplimiento de la Conferencia con los instrumentos de los que ya dispone.

Artículo publicado en la revista de julio de 2022 del Movimiento Europeo en España.