Mostrando entradas con la etiqueta Marruecos. Mostrar todas las entradas
Mostrando entradas con la etiqueta Marruecos. Mostrar todas las entradas

martes, 8 de noviembre de 2022

Abd el Krim et l’Ukraine

« Comme je vous l’ai dit verbalement, je réitère par écrit que le Rif ne combat pas les Espagnols et n’éprouve aucune haine envers le peuple espagnol. Le Rif lutte contre cet impérialisme envahissant qui veut lui arracher sa liberté à force de sacrifices moraux et matériels du noble peuple espagnol ». Ces déclarations surprennent par leur contenu, sans aucun doute, et d’autant plus que leur auteur est le chef du Rif Abd el Krim lui-même, par leur date d’août 1922 et parce qu’elles ont été publiées avec une interview à la une d’un principal journal espagnol.

À une époque de tension guerrière maximale, avec une partie de ce protectorat du Maroc en armes, des époques de mobilisation, de nationalisme extrême, de combats, de prisonniers et de morts, l’opinion du chef de l’éphémère République du Rif est parvenue aux Espagnols à travers les Espagnols médias, même malgré la censure en vigueur à l’époque ou les limitations techniques du moment, la télématique, l’imprimerie, à de nombreuses reprises les négatifs ont été envoyés et les images ont été révélées dans la péninsule.

C’est un moment qui permet une réflexion sur la communication, la liberté d’expression et la citoyenneté informée dans un environnement national de guerre, comme ceux d’il y a un siècle ou en ce 2022 en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de l’implication à tous les niveaux – sauf avec des troupes combattantes sur le terrain, à notre connaissance – par l’Espagne et l’Union européenne, alors que nous assistons à des restrictions d’information, à un discours public monotone et même à la fermeture des médias.

Le calendrier, qui bouge avec la persistance de l’égouttement d’un robinet mal fermé, nous rapproche d’anniversaires qui offrent l’occasion de se plonger, récemment, sur la soi-disant «catastrophe d'Annual», le massacre de quelque 12 000 soldats espagnols et dans le service de l’Espagne dans le nord du Maroc entre juillet et août 1921.

La commémoration ne s’est pas accompagnée en Espagne d’une relecture du colonialisme, du moins d’une analyse critique, présente sous d’autres latitudes et en suspens ici, qui touche à des degrés divers dans la moitié du monde les statues équestres, les collections de musées et dans le meilleur des cas, comme en Belgique, aux rapports d’historiens et de commissions d’enquête ; ce qui est loin d’être un reproche est une fenêtre d’opportunité pour écrire, un encouragement. aux habitants et aux étrangers.

Les guerres résultant de l’occupation coloniale du Maroc ont non seulement marqué quatre décennies de combats et de désastres au début du XXe siècle (depuis la conférence d’Algésiras en 1906 qui instaure le Protectorat jusqu’après le débarquement d’Alhucemas en 1925), mais elles sont aussi à l’origine le coup d’État et la dictature de Primo de Rivera (1923), le coup d’État de 1936 et 38 ans de dictature de Franco. Comme l’a étudié l’historien Julián Casanova, la violence coloniale européenne s’est terminée dans les métropoles, aussi et surtout en Espagne.

Le centenaire de ce que l’on appelle le « désastre d'Annual » est donc une bonne occasion de revisiter certains livres, d’extraire des références telles que les cerises et de découvrir d’authentiques joyaux semi-inconnus.

Pour commencer, une découverte littéraire, «Imán», le premier roman de Ramón J. Sender, publié en 1930, qui se déroule sans références explicites aux événements d’Annual et reflète les épreuves d’un soldat, la dégradation morale et la brutalité de guerre et de l’occupation coloniale avec la force que souvent seule la littérature peut transmettre. Le titre ne fait pas référence à la religion, mais à la capacité d’attirer les malheurs de l’un des protagonistes. L’auteur était l’un des 200 000 Espagnols qui ont effectué leur service militaire au Maroc au cours de ces années, s’ils n’avaient pas les ressources financières pour l’éviter.

Ramón J. Sender a cultivé le journalisme en plus et avant le roman, et le dévouement professionnel au journalisme d’hommes politiques de l’époque comme Indalecio Prieto, qui était également au Maroc en tant que chroniqueur de guerre dans les années vingt, est également curieux.

Le journaliste et écrivain Jorge Martínez Reverte, décédé en mars 2021, a terminé et des mois plus tard «Le vol des vautours. La catastrophe d'Annual et la guerre du Rif» (Galaxia Gutemberg, 2021), une chronique de l’histoire romancée avec des sources marocaines intéressantes et même des co-auteurs.

Dans le domaine de la communication qui nous occupe, « La catastrophe d’Annual par la presse », d’ Antonio Rubio, paru en juin 2022, réutilisation d’ouvrages antérieurs par l’auteur, est une véritable boîte à surprises et références issues du travail d’un série de journalistes qui écrivent foulant le sol de ces années au Maroc à mi-chemin entre journalisme de guerre et journalisme d’investigation avec un professionnalisme surprenant un siècle plus tard.

Au fil des pages, nous trouvons Manuel Aznar (grand-père de l'ancien président du gouvernement), Luis de Oteyza, Víctor Ruiz Albéniz, Rafael López Rienda et bien d'autres, des générations de journalistes qui ont laissé écrit leur qualité professionnelle et dont la carrière a été coupée dans de nombreux cas. peu de temps après la guerre civile. De nombreux journalistes qui apparaissent dans le livre ont fini par s’exiler.

Luis de Oteyza mérite un chapitre à lui , directeur du journal La Libertad et auteur de l’interview faisant référence à Abd el Krim un an après Annual, lors d’un voyage secret au cours duquel, après pas mal de compliments, il finit par rencontrer le Rif chef et les plus de 300 prisonniers espagnols – dont des généraux – qui s’y trouvaient encore un an après la catastrophe, curieusement nourris par les Espagnols eux-mêmes qui laissaient leur subsistance sur la plage voisine. Oteyza était accompagné de deux photographes, l’un d’eux Alfonso Jr., auteur d’images emblématiques d’Abd el Krim ; a publié l’interview et l’a également racontée en détail dans le livre « Abd el Krim et les prisonniers », publié pour la première fois en 1924 et réédité par Ediciones del Viento en 2018.

Le livre d’Oteyza, le roman de Ramón J. Sender, sont collés par date de publication et par contenu aux événements, ce qui multiplie leur valeur en n’ayant pas de perspective temporelle. A titre indicatif, la moitié de la population espagnole à cette époque était analphabète et un journal comme La Libertad tirait plus de 200 000 exemplaires par jour.

Le coup d’État de Primo de Rivera en 1923 soutenu par Alfonso XIII, probablement encouragé à réduire les conséquences politiques et militaires des catastrophes au Maroc, enquêté par le général Picasso, a changé la donne de la presse et du pays.

Jusqu’à ce moment , les citoyens espagnols étaient assez bien informés sur les circonstances guerrières au Maroc, les théories sur les intérêts économiques qui ont favorisé cette expérience coloniale (exploitation des mines du Rif) ; la corruption de l’administration coloniale, aux mains des militaires pendant la majeure partie de ces années ; le sauvetage des prisonniers espagnols, un armateur basque -Horacio Echevarrieta- qui apparaît à toutes les sauces (rédacteur en chef, nazi et franquiste) paya la rançon de cinq millions de pesetas pour leur libération deux ans après Annuel ; les intérêts de la monarchie,le rôle de la France soutenant les rebelles du Rif jusqu’à ce que la situation devienne insoutenable (la participation de la France sera essentielle à Alhucemas), tout cela apparaît et est discuté dans les médias en temps réel et beaucoup apparaît également dans le rapport du général Picasso.

UKRAINE

En revenant du XXe au XXIe siècle, on peut dire que le cadre matériel et mental entre les deux moments ne résiste à aucune comparaison, bien que le traitement informatif de l’invasion de l’Ukraine suscite une réflexion associée.

« L’enlèvement de publications, d’enregistrements et d’autres moyens d’information ne peut être consenti qu’en vertu d’une décision judiciaire », établit la Constitution espagnole de 1978 dans son article 20.

C’est-à-dire que l’enlèvement de publications ou d’autres moyens d’information ne peut être ordonné que par décision judiciaire motivée. D’autre part, l’interdiction temporaire de publication ou de diffusion est considérée comme une mesure de précaution visant à éviter une violation grave des droits ou d’autres biens protégés par le système juridique, qui ne peut également être exécutée que par une résolution judiciaire motivée (STC 187/1999 , du 25 octobre ), clarifie le site Internet du Congrès interprétant la Constitution.

En contradiction apparente avec ce qui précède, l’Union européenne a suspendu en 2022 les activités de diffusion de cinq chaînes publiques russes : Sputnik, Russia Today, Rossiya RTR/RTR Planeta, Rossiya 24/Russia 24 et TV Center International. « Le gouvernement russe a utilisé ces stations comme des instruments pour manipuler l’information et promouvoir la désinformation sur l’invasion de l’Ukraine, y compris la propagande, dans le but de déstabiliser les pays voisins de la Russie et l’UE et ses États membres. » Union.

Concernant le média le plus connu ici, le Conseil de l’Union européenne a décidé le 2 mars 2022 d’adopter « des mesures restrictives supplémentaires en réponse à l’agression militaire, sans provocation et sans aucune justification, par la Russie contre l’Ukraine ». En vertu de ces mesures, l’UE a suspendu d’urgence les activités de diffusion de Spoutnik et de RT-Russia Today (RT-Russia Today en anglais, RT-Russia Today au Royaume-Uni, RT-Russia Today en Allemagne, RT-Russia Today en France). et RT-Russia Today en espagnol) dans l’UE ou dirigée contre celle-ci « jusqu’à ce que l’agression contre l’Ukraine cesse et jusqu’à ce que la Fédération de Russie et ses médias associés cessent de mener des actions de désinformation et de manipulation de l’information contre l’UE et ses membres États’.

Selon le Conseil, « Spoutnik et Russia Today sont sous le contrôle permanent, direct ou indirect, des autorités de la Fédération de Russie et sont essentiels et décisifs pour promouvoir et soutenir l’agression militaire contre l’Ukraine et pour la déstabilisation de ses pays voisins » .

Il conclut que « pour justifier et soutenir son agression militaire contre l’Ukraine, la Fédération de Russie s’est engagée dans des actions continues et concertées de désinformation et de manipulation d’informations contre des membres de la société civile de l’UE et de ses voisins, déformant et manipulant gravement les faits ».

Il est intéressant de préciser quel type d’information l’UE veut empêcher la circulation.

EUvsDisinfo est une initiative du Service européen pour l’action extérieure qui compile depuis 2015 des campagnes de désinformation russes qui affectent l’Union européenne, ses États membres et ses pays voisins, avec lesquels il a un caractère de registre et curieusement il diffuse le contenu de cette plainte.

Concernant l’Espagne, EUvsDisinfo a compilé plusieurs campagnes de désinformation en provenance de Russie ces derniers mois et propose une brève réponse aux personnes intéressées.

  • Le 17 juin, plusieurs médias ont publié depuis Spoutnik que les États-Unis faisaient pression sur l’Espagne et conditionnaient la tenue du sommet de l’Otan à Madrid à l’envoi d’armes lourdes à l’Ukraine.
  • Le 28 juillet, l’information endommagée était que les États-Unis avaient décidé de placer deux nouveaux destroyers sur la base navale de Rota sans consulter l’Espagne.
  • Le 22 août, l’UE enregistre la publication d’un contenu affirmant que l’intérêt de l’Allemagne pour l’interconnexion énergétique avec l’Espagne et le Portugal est un exemple de vassalité pour ce dernier.
  • Le 8 septembre, le contenu dénoncé est la réponse à certaines déclarations de Borrell qui a qualifié la Russie d’« État fasciste », ces morceaux disent que la personne disqualifiée est le haut représentant lui-même avec ces mots pour soutenir les néo-nazis à Kyiv et doutant de la des références démocrates espagnoles, dont le comportement le rapproche des phalangistes.

Ce type de contenu est-il une menace pour la sécurité nationale et européenne ?

L’une des grandes nouveautés de la guerre en Ukraine est le traitement de l’information, de la soi-disant « stratégie du mégaphone » inaugurée les mois précédents, la mise en scène, l’absence dans les médias de preuves graphiques d’affrontements directs, l’activisme des journalistes , analystes et commentateurs qui entravent l’objectif de savoir ce qui se passe, au-delà de leur propre opinion et de la propagande des partis.

La fermeture de Spoutnik et de Russia Today a fait l’objet d’un recours de la France devant la Cour de justice de l’UE, sans succès. El Tribunal General de la Unión Europea desestimó el pasado 27 de julio el recurso que invocaba cuatro motivos, basados en la vulneración, respectivamente, de los derechos de defensa, libertad de expresión e información, derecho de empresa y principio de no discriminación por razón de La nationalité; La compétence du Conseil pour adopter les actes contestés a également été mise en cause ( voici un lien vers l’arrêt).

Le dernier chapitre des décisions dans le cadre de l’Union européenne liées au contenu de l’information pourrait être le règlement sur les services numériques publié le 4 octobre 2022.

« Dans le contexte de la guerre en Ukraine et de ses conséquences en matière de manipulation de l’information en ligne, un nouvel article (il semblerait que ce soit le 36) a été ajouté au texte établissant un mécanisme de réponse aux crises. Ce mécanisme permettra d’analyser comment les activités des très grandes plateformes en ligne et des très grands moteurs de recherche affectent la crise en question et de décider des mesures pour assurer le respect des droits fondamentaux », nous informe le Conseil.

Le règlement sur les services numériques (version du Parlement européen du 19 octobre) précise textuellement qu’« en temps de crise, il peut être nécessaire pour les très grands fournisseurs de plateformes en ligne d’adopter d’urgence certaines mesures spécifiques (…). Une crise doit être envisagée lorsque surviennent des circonstances extraordinaires susceptibles de constituer une menace grave pour la sécurité publiqueou de santé publique dans l’Union ou dans des parties importantes de l’Union. Ces crises pourraient provenir de conflits armés ou d’actes de terrorisme, y compris de conflits émergents ou d’actes de terrorisme, de catastrophes naturelles telles que des tremblements de terre et des ouragans, ainsi que de pandémies et d’autres menaces transfrontalières graves pour la santé publique. La Commission doit être en mesure d’exiger des très grands fournisseurs de plateformes en ligne et des très grands fournisseurs de moteurs de recherche en ligne qu’ils lancent de toute urgence une réponse à la crise. Les mesures que ces fournisseurs peuvent déterminer et envisager d’appliquer peuvent inclure, par exemple, l’adaptation des processus de modération de contenuet l’augmentation des moyens dédiés à la modération des contenus, l’adaptation des conditions générales, des systèmes algorithmiques et des systèmes publicitaires pertinents, l’intensification de la coopération avec des lanceurs d’alerte fiables, la prise de mesures de sensibilisation et la promotion de la fiabilité de l’information et l’adaptation du design de ses interfaces en ligne ».

Ce règlement semble être un autre exemple de restriction de la liberté d’information sans aucune intervention judiciaire.

En temps de crise, nationale, de guerre, on a tendance à prendre des décisions qui finissent par avoir des conséquences dans le temps et qui sont difficiles et lentement réversibles.

La désinformation est un problème de culture médiatique et numérique, de qualité de la démocratie, c’est un effet secondaire de la communication numérique, c’est le reflet de la crise identitaire et du modèle économique des médias traditionnels, ainsi qu’une menace militaire pour la sécurité, nécessaire prouver et argumenter ce dernier; et dans cette guerre en Ukraine, le monde entier est désinformé, ce qui n’est pas contrecarré par des interdictions mais par un plus grand libre échange d’opinions et d’analyses.

Aujourd’hui, une interview d’Abd el Krim à la une d’ El País ne serait clairement pas possible en Espagne ; ou une interview de Saddam Hussein sur ABC (c’était possible par Luis Mariñas en 1990 sur Tele5).

La force de l’Europe et de l’Espagne face à des régimes autoritaires comme la Russie de Poutine n’est pas d’imiter leur comportement restrictif de la liberté d’information, mais de renforcer la libre circulation des opinions, là nous n’aurions pas de concurrence.


Article original en espagnol également publié dans infoLibre et Rebelión. 
Traduction française de l'article trouvé sur le web Maghreb online.

sábado, 29 de octubre de 2022

Abd el Krim y Ucrania

Primera página de La Libertad del 6.8.1922, con entrevista 
y nota manuscrita de Abd el Krim (periódico accesible en la 
Hemeroteca Digital de la Biblioteca Nacional en este enlace).
"Como le he manifestado de palabra le reitero por escrito que el Rif no combate a los Españoles ni siente ningún odio hacia el Pueblo español. El Rif combate a ese imperialismo invasor que quiere arrancarle su libertad a fuerza de sacrificios morales y materiales del noble Pueblo Español" (mayúsculas en el original). Estas declaraciones resultan sorprendentes por su contenido sin duda, y aún más porque su autor es el propio líder rifeño Abd el Krim, por su fecha de agosto de 1922 y porque fue publicado con una entrevista en primera página de un periódico principal español.

En un momento de máxima tensión bélica, con parte de aquel Protectorado de Marruecos levantado en armas, tiempos de movilización, nacionalismo extremo, combates, prisioneros y muertos, la opinión del máximo responsable de la efímera República del Rif llegaba a los españoles a través de los medios de comunicación españoles, incluso a pesar de la censura imperante en la época o de las limitaciones técnicas del momento, telemáticas, de impresión, en muchas ocasiones se enviaban los negativos y las imágenes se revelaban en la península.

Es un momento que permite alguna reflexión sobre comunicación, libertad de expresión y ciudadanía informada en un entorno nacional de guerra, como los de hace un siglo o en este 2022 con motivo de la invasión de Ucrania por Rusia y la implicación a todos los niveles -excepto con tropas de combate sobre el terreno, que sepamos- por parte de España y la Unión Europea, cuando asistimos a restricciones a la información, discurso público monocorde e incluso cierre de medios de comunicación.

El calendario, que se mueve con la persistencia del goteo de un grifo mal cerrado, nos acerca aniversarios que ofrecen la ocasión de profundizar, recientemente sobre el llamado 'desastre de Anual', la matanza de unos 12.000 militares españoles y al servicio de España en el norte de Marruecos entre julio y agosto de 1921. 

La conmemoración no ha venido acompañada en España de un relectura del colonialismo, al menos un análisis crítico, presente en otras latitudes y aquí pendiente, que va afectando en diferente medida en medio mundo a estatuas ecuestres, fondos de museos y en el mejor de los casos, como en Bélgica, a informes de historiadores y comisiones de investigación; lo que lejos de un reproche es una ventana de oportunidad para escribir, un aliento. a propios y extraños. 

Las guerras consecuencia de la ocupación colonial de Marruecos no sólo marcaron cuatro lustros de combates y desastres a comienzos del siglo XX (desde la conferencia de Algeciras de 1906 que establece el Protectorado hasta después del desembarco de Alhucemas en 1925), sino que están detrás del golpe de Estado y de la dictadura de Primo de Rivera (1923), del golpe de Estado de 1936 y 38 años de dictadura de Franco. Como ha estudiado el historiador Julián Casanova, la violencia colonial europea acabó en las metrópolis, también y sobre todo en España.

El centenario del denominado 'Desastre de Anual' es buena ocasión entonces para revisitar algunos libros, tirar de referencias como las cerezas y descubrir auténticas joyas semidesconocidas.

Para empezar, un descubrimiento literario, "Imán", la primera novela de Ramón J. Sender, publicada en 1930, que transcurre sin referencias explícitas por los acontecimientos de Anual y refleja las penurias de un soldado, la degradación moral y brutalidad de la guerra y de la ocupación colonial con la fuerza que muchas veces sólo puede transmitir la literatura. El título no hace referencia a la religión, sino a la capacidad de atraer las desgracias de uno de los protagonistas. El autor fue uno de los 200 mil españoles que cumplieron servicio militar por aquellos años en Marruecos, si no se tenían recursos económicos para evitarlo.

Ramón J. Sender cultivó el periodismo además y antes que la novela, y resulta curioso también la dedicación profesional al periodismo de políticos de la época como Indalecio Prieto, que estuvo también en Marruecos como cronista de guerra por esos años veinte.

El periodista y escritor Jorge Martínez Reverte, fallecido en marzo de 2021, dejó acabado y se publicó meses después "El vuelo de los buitres. El desastre de Annual y la guerra del Rif" (Galaxia Gutemberg, 2021), crónica digamos de historia novelada con interesantes fuentes marroquíes e incluso co-autoría.

En el campo de la comunicación que nos ocupa, "El desastre de Annual a través de la prensa", de Antonio Rubio, publicado en junio de 2022, reaprovechamiento de trabajos previos del autor, es una auténtica caja de sorpresas y de referencias a partir del trabajo de una serie de periodistas que escribieron pisando el terreno en aquellos años en Marruecos a medio camino entre el periodismo de guerra y el de investigación con una profesionalidad que sorprende un siglo después. 

Por las páginas aparecen Manuel Aznar (abuelo de quien fuera presidente del Gobierno), Luis de Oteyza, Víctor Ruiz Albéniz, Rafael López Rienda y muchos otros, generaciones de periodistas que dejaron escrita su calidad profesional y cuya trayectoria en muchos casos se vio truncada tras la Guerra Civil. Gran parte de los periodistas que aparecen en el libro acabaron en el exilio.

Imagen del periodista Luis de Oteyza con Abd el Krim.
Capítulo propio merece Luis de Oteyza, director del periódico La Libertad y autor de la entrevista referida a Abd el Krim un año después de Anual, en viaje secreto en el que tras no pocos requiebros acaba encontrándose con el líder rifeño y con los más de 300 prisioneros españoles -incluidos generales- que allí seguían un año después del desastre, curiosamente alimentados por los propios españoles que dejaban el sustento en playa cercana. Oteyza se hizo acompañar de dos fotógrafos, uno de ellos Alfonso hijo, autor de imágenes icónicas de Abd el Krim; publicó la entrevista y lo contó además en extenso en el libro "Abd el Krim y los prisioneros", publicado por primera vez en 1924 y reeditado por Ediciones del Viento en 2018.

El libro de Oteyza, la novela de Ramón J. Sender, están pegados por fecha de publicación y por contenido a los acontecimientos, lo que multiplica su valor al no contar con perspectiva temporal. Como referencia ilustrativa, la mitad de la población española en aquella época era analfabeta y un periódico como La Libertad tiraba más de 200 mil ejemplares diarios.

El golpe de Estado de Primo de Rivera de 1923 apoyado por Alfonso XIII, probablemente animados en cortar las consecuencias políticas y militares de los desastres en Marruecos, investigados por el general Picasso, cambiaron las circunstancias de la prensa y del país.

Hasta ese momento la ciudadanía española estuvo bastante bien informada sobre las circunstancias bélicas en Marruecos, teorías sobre los intereses económicos que promovieron aquella experiencia colonial (explotación de las minas del Rif); la corrupción de la Administración colonial, en manos militares la mayor parte de aquellos años; el rescate de los prisioneros españoles, un naviero vasco -Horacio Echevarrieta- que aparece en todas las salsas (editor de periódicos, filo nazi y filo Franco) pagó el rescate de cinco millones de aquellas pesetas por su liberación dos años después de Anual; los intereses de la monarquía, el papel de Francia apoyando a los rebeldes rifeños hasta que la situación se hace insostenible (la participación de Francia será imprescindible en Alhucemas), todo esto aparece y se trata en los medios en tiempo real y mucho aparece también en el informe del general Picasso.

UCRANIA

Volviendo del siglo XX al XXI, cabe decir que el marco material y mental entre ambos momentos no resiste comparación alguna, aunque el tratamiento informativo de la invasión de Ucrania provoque cierta reflexión asociada.

"Sólo podrá acordarse el secuestro de publicaciones, grabaciones y otros medios de información en virtud de resolución judicial", establece la Constitución Española de 1978 en su artículo 20.

Es decir, el secuestro de publicaciones u otros medios de información sólo podrá acordarse mediante resolución judicial motivada. Por otra parte, la prohibición temporal de publicación o emisión se considera una medida cautelar destinada a evitar un grave vulneración de derechos u otros bienes protegidos por el ordenamiento que igualmente sólo podrá efectuarse mediante resolución judicial motivada (STC 187/1999, de 25 de octubre), aclara la web del Congreso interpretando la Constitución.

En contradicción aparente con lo anterior, la Unión Europea ha suspendido en 2022 las actividades de radiodifusión de cinco emisoras rusas de propiedad estatal: Sputnik, Russia Today, Rossiya RTR/RTR Planeta, Rossiya 24/Russia 24 y TV Centre International. "El Gobierno ruso ha utilizado estas emisoras como instrumentos para manipular la información y promover la desinformación sobre la invasión de Ucrania, propaganda incluida, con el objetivo de desestabilizar a los países vecinos de Rusia y a la UE y sus Estados miembros.", argumenta la Unión.

En lo que afecta a los medios más conocidos por aquí, el Consejo de la Unión Europea decidió el 2 de marzo de 2022 adoptar "medidas restrictivas adicionales en respuesta a la agresión militar, sin mediar provocación y sin justificación alguna, de Rusia contra Ucrania". En virtud de estas medidas, la UE suspendía urgentemente las actividades de radiodifusión de Sputnik y RT-Russia Today (RT-Russia Today en inglés, RT-Russia Today del Reino Unido, RT-Russia Today de Alemania, RT-Russia Today de Francia y RT-Russia Today en español) en la UE, o dirigidas a esta, "hasta que cese la agresión contra Ucrania y hasta que la Federación de Rusia y sus medios de comunicación asociados dejen de llevar a cabo acciones de desinformación y manipulación de la información contra la UE y sus Estados miembros".

Según el Consejo, "Sputnik y Russia Today están bajo el control permanente, directo o indirecto, de las autoridades de la Federación de Rusia y son esenciales y decisivas para impulsar y apoyar la agresión militar contra Ucrania y para la desestabilización de sus países vecinos".

Concluye que "para justificar y apoyar su agresión militar contra Ucrania, la Federación de Rusia ha emprendido acciones de desinformación y manipulación de la información continuas y concertadas contra los miembros de la sociedad civil de la UE y de sus vecinos, distorsionando y manipulando gravemente los hechos".

Es interesante concretar qué tipo de información desea la UE impedir que circule.

EUvsDisinfo es una iniciativa del Servicio Europeo de Acción Exterior que recopila desde 2015 campañas de desinformación de Rusia que afectan a la Unión Europea, sus Estados miembros y sus países vecinos, con lo que tiene un carácter de registro y curiosamente da difusión a los contenidos que denuncia.

Primera página de La Libertad del 8.8.1922, con entrevista 
y nota manuscrita de Abd el Krim (periódico accesible en la 
Hemeroteca Digital de la Biblioteca Nacional en este enlace).

Relacionado con España, EUvsDisinfo ha recopilado en los últimos meses varias campañas de desinformación procedentes de Rusia, y ofrece una breve respuesta para los interesados.

  • El 17 de junio varios medios publicaron a partir de Sputnik que Estados Unidos presionó a España y condicionó la celebración de la cumbre de la OTAN a Madrid a que enviara armamento pesado a Ucrania.
  • El 28 de julio la información averiada era que Estados Unidos ha decidido emplazar dos nuevos destructores en la base naval de Rota sin consultar con España.
  • El 22 de agosto la UE registra la publicación de contenidos que afirman que el interés de Alemania por la interconexión energética con España y Portugal es un ejemplo de vasallaje para estos últimos.
  • El 8 de septiembre el contenido denunciado es la respuesta a unas declaraciones de Borrell que llamó "Estado fascista" a Rusia, dicen estas piezas que el descalificado es el propio alto representante con estas palabras por apoyar a los neonazis en Kiev y duda de las credenciales democráticas del español, cuyo comportamiento le acerca a los falangistas.

¿Resultan este tipo de contenidos una amenaza para la seguridad nacional y europea? 

Una de las grandes novedades de la guerra en Ucrania es el tratamiento de la información, desde la llamada 'estrategia del megáfono' inaugurada en los meses previos, la puesta en escena, la ausencia en medios de pruebas gráficas de enfrentamientos directos, el activismo de periodistas, analistas y tertulianos que dificultan el objetivo de conocer lo que está ocurriendo, más allá de la opinión propia y de la propaganda de las partes.

El cierre de Sputnik y Russia Today fue recurrido desde Francia ante el Tribunal de Justicia de la UE, sin éxito. El Tribunal General de la Unión Europea desestimó el pasado 27 de julio el recurso que invocaba cuatro motivos, basados en la vulneración, respectivamente, de los derechos de defensa, libertad de expresión e información, derecho de empresa y principio de no discriminación por razón de la nacionalidad; también se cuestionaba la competencia del Consejo para adoptar los actos impugnados (aquí enlace a sentencia).

El último capítulo de decisiones en el marco de la Unión Europea relacionado con contenidos informativos podría ser el Reglamento de Servicios Digitales publicado este 4 de octubre de 2022. 

"En el contexto de la guerra en Ucrania y de sus consecuencias en relación con la manipulación de información en línea, se ha añadido al texto un nuevo artículo (parece ser el 36) por el que se establece un mecanismo de respuesta a las crisis. Este mecanismo permitirá analizar cómo afectan a la crisis en cuestión las actividades de las plataformas en línea de muy gran tamaño y de los motores de búsqueda de muy gran tamaño y decidir medidas para garantizar que se respeten los derechos fundamentales", nos informa el Consejo.

El Reglamento de Servicios Digitales (versión del Parlamento Europeo de 19 de octubre) dice textualmente que "en tiempos de crisis puede ser necesario que los prestadores de plataformas en línea de muy gran tamaño adopten con urgencia determinadas medidas específicas (...). Debe considerarse que se produce una crisis cuando se producen circunstancias extraordinarias que pueden dar lugar a una amenaza grave para la seguridad pública o la salud pública en la Unión o en partes significativas de la Unión. Estas crisis podrían derivarse de conflictos armados o actos de terrorismo, incluidos los conflictos o actos de terrorismo emergentes, las catástrofes naturales como terremotos y huracanes, así como las pandemias y otras amenazas transfronterizas graves para la salud pública. La Comisión debe poder exigir a los prestadores de plataformas en línea de muy gran tamaño y a los prestadores de motores de búsqueda en línea de muy gran tamaño, que inicien urgentemente una respuesta a la crisis. Las medidas que dichos prestadores pueden determinar y considerar aplicar pueden incluir, por ejemplo, la adaptación de los procesos de moderación de contenidos y el aumento de los recursos dedicados a la moderación de contenidos, la adaptación de las condiciones generales, los sistemas algorítmicos pertinentes y los sistemas publicitarios, la intensificación de la cooperación con los alertadores fiables, la adopción de medidas de concienciación y la promoción de información fiable y la adaptación del diseño de sus interfaces en línea". 

Parece ser este Reglamento otro ejemplo de restricción de la libertad de información sin intervención judicial alguna.

En tiempos de crisis, nacional, bélica, se tiende a tomar decisiones que acaban teniendo consecuencias en el tiempo y son difícil y lentamente reversibles.

La desinformación es un problema de alfabetización mediática y digital, de calidad de la democracia, es efecto secundario de la comunicación digital, es reflejo de la crisis de identidad y modelo de negocio de los medios de comunicación tradicionales, además de amenaza de seguridad militar, necesitada de probar y argumentar esta última; y en esta guerra de Ucrania anda todo el mundo desinformando, lo que no se contrarresta con prohibiciones sino con un mayor intercambio libre de opiniones y análisis.

Hoy claramente no sería posible en España una entrevista a Abd el Krim en primera página de El País; o una entrevista a Saddam Huseín en ABC (sí fue posible por Luis Mariñas en 1990 en Tele5).

La fortaleza de Europa y España frente a regímenes autoritarios como la Rusia de Putin no es imitar su comportamiento restrictivo de la libertad de información, sino reforzar la libre circulación de opiniones, ahí no tendríamos competencia.

Artículo publicado también en el blog ‘Al revés y al derecho’ de infoLibre.

Sugerencias

  • El expediente Picasso: Edición de su resumen publicado en 1931. Conmemoración del centenario del desastre de Annual (1921-2021) (BOE, 2021).
  • La guerra de Marruecos en la narrativa española (1859-1927), por Juan José López Barranco (tesis doctoral, 2003).

lunes, 24 de mayo de 2021

España-Marruecos, ¿choque de ignorancias?

Imagen difundida por la Guardia Civil.

Escuché a un embajador de Marruecos en España salir con éxito de una pregunta incómoda sobre derechos humanos señalando que los avances en las libertades individuales y colectivas, como la igualdad o la participación política, es un proceso histórico para todos los humanos, que según las circunstancias y el momento avanzan más en unas geografías que en otras. El embajador fue luego destinado a un puesto relacionado con la descentralización política de su país, labor sobre la que desconozco los resultados.

Digamos cortésmente que la iniciativa sobre conquistas sociales y políticas no se pilota hoy desde aquella orilla. Una afirmación la anterior compatible con el reconocimiento a que nuestro vecino del sur ha puesto en marcha avances políticos claros en los últimos años: un nuevo Código de Familia en 2004 que amplía los derechos de la mujer;  la Instancia Equidad y Reconciliación, una Comisión Marroquí de la Verdad creada ese mismo año con el objetivo de arrojar luz y testimonios sobre las graves violaciones de derechos humanos ocurridas entre 1956 y 1999 -léase, represión de Hasán II, padre del rey reinante-, determinar las responsabilidades institucionales, indemnizar y rehabilitar a las víctimas, y elaborar propuestas de reformas; o la nueva Constitución de 2011, que entre otros contenidos contempla el voto de españoles/extranjeros residentes, que se vería acompañado del voto marroquí en España, posibilidad no desarrollada.

Aparece hoy muy limitado el impulso aperturista inicial de Mohamed VI tras su acceso al trono en 1999, como de otros gobernantes árabes que heredaron el poder en el cambio de siglo -Abdalá II en Jordania también en 1999 o Báshar al Ásad en 2000-, que despertaron mejores expectativas que resultados, a pesar de haber sobrevivido a las revoluciones-primaveras árabes, que no tiene poco mérito, aunque puede no ser suficiente para que sus hijos hereden el puesto.

Decimos que Estados Unidos no es Trump, no sólo, que Reino Unido no es Johnson (ni May ni Cameron), de donde se deduce que Marruecos no es Mohamed VI ni España Pedro Sánchez (o Rajoy), que estos países y sociedades son bastante más que sus dirigentes, incluidos los económicos y mediáticos, pero está claro que toman decisiones que pueden ser relevantes sobre la vida y hacienda, sobre el destino de los recursos públicos y sobre la seguridad. Por poner un ejemplo, el progreso social y político puede verse favorecido o torpedeado.

Mayo de 2021, el Gobierno marroquí (incluye la Corona) provoca una crisis política y diplomática con España -con una importante derivada humanitaria- sin precedentes desde Perejil 2002, abriendo la frontera con Ceuta que atraviesan miles de personas sin control. El momento claramente es consecuencia del reconocimiento en diciembre por el presidente de EEUU de la soberanía marroquí del Sáhara occidental, en compensación por el establecimiento de relaciones diplomáticas con Israel, leído por el poder político en Marruecos como una oportunidad para presionar a la UE, a España, a la ONU, para que muevan ficha a favor de su punto de vista de anexión incondicional y carpetazo al acuerdo de paz de 1991, un plan de arreglo que fue aprobado por el Consejo de Seguridad de Naciones Unidas, que establecía un período de transición para preparar la celebración de un referéndum en el que el pueblo del Sáhara Occidental eligiera entre la independencia y la integración con Marruecos. 

Existían sospechas, pero se ha confirmado ahora por sus protagonistas, de que el Gobierno de Marruecos utiliza el flujo migratorio como instrumento de presión diplomática, lo que parece poco responsable para sus intereses, para las personas afectadas y sirve ya de hecho acreditado que estará presente en todo tipo de negociación futura y costará difuminar.

La crisis tiene una clara relación con la seguridad, la soberanía y el pulso diplomático, y de su gravedad da idea el viaje inmediato a Ceuta y Melilla del presidente del Gobierno español, gesto que no se producía con o sin crisis desde Zapatero.

De máximo interés para especialistas en seguridad (que son pocos) y profesionales (muchos) es si estos acontecimientos se enmarcan en la zona gris, en estrategias y amenazas híbridas, si nos encontramos en el nivel de configuración del entorno, interferencia o desestabilización. En cualquier caso, cuando la seguridad pierde contacto con el ciudadano, como ha ocurrido en esta ocasión, estas decisiones están más relacionadas con la seguridad laboral de quienes se dedican a ella y de los responsables que manejan esos recursos.

No parece fundado el análisis, con defensores en ambas orillas del Estrecho, que sitúa el control de la inmigración, el terrorismo yihadista o el desarrollo económico de España-Europa en manos de Marruecos: recordemos los atentados en Casablanca de mayo de 2003, anteriores al 11-M; que cuanto más dura sea la política migratoria de España mayor será el problema para Marruecos, país de paso pero también de destino de poderosos flujos migratorios desde el sur; atendamos a que el desarrollo económico marroquí está bastante ligado a la relación con su primer socio económico, que es la UE, o comercial, que es España.

Imagen de Ceuta publicada en la prensa marroquí.

Provocado el conflicto surge la pelea por el relato, en el que situar imágenes como la del guardia civil submarinista salvando bebés de morir ahogados o la voluntaria de Cruz Roja abrazando a un inmigrante aterrado; o militares españoles dando porrazos a inmigrantes, según ilustra la prensa de uno u otro país, con un ganador claro.

En este mismo capítulo de la comunicación, el director de la agencia oficial de noticias de Marruecos -MAP-, vestido con traje de camuflaje, escribe algunas proclamas faltonas de consumo interno y explosivo nacionalismo, y otras frases con mayor interés sobre lo que parece haber descubierto en "la nueva realidad geopolítica": "Ha llegado el momento de aclararse, especialmente después del reconocimiento por parte de los Estados Unidos de la plena soberanía de Marruecos sobre su Sahara. Qué vas a hacer?", aconsejando que España se alinee con EEUU (¿Trump, Biden?) y dar una oportunidad a la paz, inspirado por John Lennon.

"Estados miembros con un goteo de euros sin conciencia de un destino compartido. Y desvaríos infantiles en dirección a terceros países. Tu hechizo está roto", dice de la UE; "esta Europa desorientada, se debilita, que se alimenta a la fuerza de sus euros y se pierde en el siglo sin valores compartidos y sin un modelo gratificante ya no nos conviene, por qué entonces insistir en vivir juntos".

Además de cargar MAP contra las agencias EFE y AFP -entre bomberos no conviene pisarse la manguera-, el director de la marroquí opina que "Europa se está muriendo. Ni cohesión económica ni financiera. Sin capacidad para proteger realmente sus fronteras, ni en Oriente ni en Occidente. Ningún ejército capaz de asumir un desafío o imponer valores". 

¿Imponer valores? Qué difícil debe ser dirigir un medio de comunicación público, visto el despiste generalizado en éstas y otras geografías.

Parece desconocer la comunicación oficial que no hay marroquí sin acceso a medios extranjeros ni español sin referencias marroquíes, con lo que estos esforzados cantores le dejan a uno algo asombrado. ¿Desconocen el millón de marroquíes en España su país de acogida o residencia? ¿Se creen estas cosas los marroquíes que vacacionan en la costa del Sol? ¿Hay algún marroquí con un móvil en la mano que no acceda a fuentes de información no oficiales?

Una de las lecciones de la última crisis Marruecos-España, sobre la que los medios no han conseguido imponer un nombre, aún no está bautizada con éxito (eso sería otra batallita que librar), es que los regímenes autoritarios y/o no democráticos en cualquier orilla del Mediterráneo, occidental u oriental, no son fiables, porque no son previsibles, y de forma imprevista actúan Turquía, Egipto, Israel o Marruecos; de donde se deduce que la pedagogía y el respeto a los derechos humanos debería formar parte de cualquier negociación de la UE con terceros, no por altruismo, sino porque interesa.

La crisis de Ceuta de mayo de 2021 está teniendo un claro coste reputacional para los responsables políticos marroquíes, de lo quizá aún no sean conscientes, y un deterioro claro de las relaciones con España y la Unión Europea (recordemos, por ejemplo, que es la UE quien negocia la pesca con Marruecos, no los países individualmente).

Hace medio siglo convivían en las dos orillas del Estrecho un príncipe de los creyentes y un general superlativo por la gracia de Dios, y no se llevaban mal, a pesar de que incluso intercambiaron disparos y algún muerto (800 en Ifni), o que el de aquí hizo carrera con la ocupación colonial de los súbditos del de allí.

La condición de súbditos es la clave, o ciudadanos, apostaría a que a ambos lados del Estrecho son mayoría los ciudadanos frente a los súbditos; la diferencia es que los ciudadanos opinan y exigen responsabilidades a sus responsables políticos.

Imagen difundida por la Cruz Roja española.
"La nueva realidad geopolítica" de la que escribe el director de MAP se remite a los acuerdos de normalización o de Abraham de algunos países árabes, más Bután, con Israel, disueltos como un azucarillo tras la última masacre de palestinos en Gaza de este mes de mayo. "¡Un gran avance para la paz en Oriente Medio!", escribió Trump a través de su cuenta de Twitter.

El diciembre de 2020, ya perdidas las elecciones, la Administración Trump difunde un comunicado conjunto firmado por el primer ministro marroquí, Saad Din el Otmani; Jared Kushner, yerno de Trump; y por parte israelí Meir Ben-Shabbat, asesor responsable del Consejo de Seguridad Nacional, más un director de Exteriores que pasaba por allí.

Refiere la declaración una conversación telefónica entre Trump y Mohamed VI, y afirma que "el establecimiento de plenas, pacíficas y amistosas relaciones diplomáticas (entre Marruecos e Israel) se produce por el interés compartido entre ambos países y promoverá la causa de la paz en la región, impulsando la seguridad y desbloqueando nuevas oportunidades para toda la zona". Los acontecimientos recientes en Palestina no han confirmado los deseos expresados en la declaración tripartita.

Imaginando un hipotético ejercicio de prospectiva ‘Marruecos 2050’, ¿seguirá la frontera con Argelia cerrada como está desde 1994?; ¿habrán vuelto los embajadores de Marruecos en Alemania y España a su lugar de trabajo?; ¿se mantendrán los dos millones de turistas españoles que visitaron Marruecos en 2019? (20% del total); ¿continuará la Operación Paso del Estrecho  con cerca de cuatro millones de personas? ¿Cómo habrán evolucionado los 2.000 millones de euros que envían en remesas los marroquíes residentes en España a su país de origen?

Frente a 2002 (Perejil), 1975 (Marcha Verde),  1958 (guerra de Ifni), 1956 (independencia de Marruecos), 1912 (Protectorado) ó 1860 (toma española de Tetuán), ha cambiado el escenario, los actores, la comunicación, los intercambios, los ciudadanos y la información que reciben, elementos que esperemos contribuyan a disolver el nudo de desconfianza en menos de diez años.

Las autoridades marroquíes han realizado un diagnóstico erróneo de la oportunidad que parecía abrirse con la diplomacia tuitera de Trump, independientemente de lo que haga ahora Biden, probablemente nada, más allá de contemplar incómodo cómo chocan dos aliados cercanos. Para EEUU, Marruecos y España ni son un problema ni son indispensables, por lo que su reacción será siempre modesta.

El Gobierno marroquí ha realizado también una mala calibración del momento político de la Unión Europea, enfrentándose a Alemania y España y provocando una reacción del club que no tuvo en la crisis de Perejil; mal diagnóstico de una UE ultra sensibilizada hoy contra chantajes sobre migrantes, y que vive un refuerzo federal y un avance de políticas comunes -no sólo financieras- como reacción a la crisis del covid, avances con repercusión sobre su política exterior y de seguridad.

Las relaciones entre España y Marruecos, afortunadamente,  son más profundas y fuertes que la habilidad de sus dirigentes para leer el momento político. Historia común, cultural, medieval, colonial, de la que no somos responsables los vivientes, sí de la actual. La exposición en el Museo Reina Sofía sobre arte contemporáneo marroquí es un ejemplo a imitar.

Cultura e información, probablemente también la relación empresarial, son ingredientes para fortalecer una relación que la tozuda geografía hace obligada. Cuanto más complejas y densas sean las relaciones entre los dos países, incluida la sociedad civil, menos podrán ser manipuladas sus opiniones públicas y sus sociedades por intereses coyunturales; incluso podríamos decir que cada vez dependerán menos de decisiones personales.

La expresión "choque de ignorancias" del título fue la alternativa del intelectual palestino Edward Saíd a aquel "choque de civilizaciones" de rampante éxito a finales del XX.

La respuesta a la pregunta del título es claramente negativa, no puede haber ignorancia entre Marruecos y España, no la hay entre los que toman decisiones, choque de extremistas sí puede existir, no de ignorantes. Aunque sí se puede estar produciendo otro tipo de carencia, el desconocimiento o incapacidad de leer el momento: la cooperación y la interdependencia destacan como lecciones obligadas del covid, no por altruismo, sino por interés interesado. Otra actitud responde simplemente a quien piensa que puede conseguir más en solitario que en asociación, legítimo, pero ¿acertado?


Artículo publicado también en infoLibre -Blog Al revés y al derecho- y en Rebelión.

Sugerencias


sábado, 31 de agosto de 2019

Tánger despega


Antigua Aduana rehabilitada en el puerto de Tánger (Fotos: PND).
Si Tánger es un estado de ánimo, como dicen que dijo algún escritor de mediados del XX, la ciudad marroquí del Estrecho vive hoy un momento de euforia contenida, para algunos locales una euforia comparable a la España del cambio de siglo.
La contención puede venir de una sociedad más pausada, que se observa en la afición al té con hierbabuena y la forma de conducir en oleadas, sin histeria,  junto a las restricciones al crédito bancario -según cuentan- que evitan alegrías financieras particulares.
La visita a la ciudad en este verano de 2019 revela en cualquier caso una transformación en marcha sin precedentes, una inversión pública generosa y con efectos muy visibles, que reluce especialmente en la línea de costa, la Corniche, paseo marítimo durante kilómetros desde el cabo Malabata hasta circunvalar la ciudad antigua, medina y kasbah, dirección cabo Espartel (aquí web oficial sobre el proyecto del puerto de Tánger).
Se cumple una década de algunas grandes inversiones que marcan simbólicamente el despertar de Tánger y la zona norte de Marruecos: el puerto Tánger Med, a 40 kilómetros de la ciudad, gigantesca infraestructura donde hoy atracan los ferries procedentes o destino Algeciras (2,8 millones de viajeros), y donde se gestiona el movimiento de centenares de miles de contenedores (3,4 millones al año); este 2019 se acaba de inaugurar una ampliación.
Tanger Med es también la puerta de salida de la producción de muchas de las empresas instaladas en las zonas francas que rodean Tánger y que han creado decenas de miles de empleos en la región.
Entre ellas, de forma muy destacada, la fábrica de Renault-Dacia, inaugurada en 2012, que ya ha producido más de un millón de vehículos, entre ellos monovolúmenes como el Lodgy que han sustituido la mayor parte de aquellos Mercedes destartalados conocidos como grand taxi del pasado reciente.
Mezquita de la medina de Tánger.
Junto al empleo creado (inversión privada), las obras en el puerto y las infraestructuras van entrando en servicio, una de las más llamativas el primer tren de alta velocidad del continente que une desde noviembre de 2018 Tánger y Casablanca en dos horas y diez minutos y un precio por trayecto entre 20 y 30 euros, con la polémica habitual (elitismo, necesidad) sobre este tipo de inversiones que en su caso ha superado los 2.000 millones de euros financiados por Francia y petromonarquías del Golfo.
La inversión pública se percibe también en detalles menos aparatosos, nuevas zonas verdes, muy verdes, en instalaciones deportivas públicas o parques infantiles; también en la recuperación de zonas de la muralla y la medina bastante respetuosa, como el edifico de la antigua Aduana a los pies del Hotel Continental.
España continúa hoy muy presente en la realidad tangerina, desde la historia, la geografía, el callejero, los Almacenes Alcalá (tejidos y novedades escrito en la fachada), la historia, el español aprendido -cuentan- a través de Televisión Española y Canal Sur (hasta que llegó la TDT), los miles de marroquíes que han estudiado la Secundaria en el operativo desde hace seis décadas Instituto Severo Ochoa (dependiente del Ministerio de Educación, sistema educativo español) y sobre todo Tánger atrae a miles de turistas españoles que llenan sus calles.
España aparece también con empresas como Zara (desde 2017) y ALSA como concesionaria de los autobuses urbanos de la ciudad; el Instituto Cervantes y confiemos en que el centenario Teatro homónimo sea pronto rehabilitado, tras la reciente cesión a las autoridades locales, y se convierta en un foco de actividad cultural compartida.
Más allá de hispanos y extranjeros, el paisaje humano de Tánger es hoy mayoritariamente marroquí y variopinto, marroquíes residentes, de la emigración, del sur del país visitando el norte, también turismo de otros países árabes.
La ciudad transmite la impresión de estar en proceso de depender de inercias propias, no sólo externas. Tánger vive el presente y mira al futuro con optimismo, que contrasta con el pesimismo algo impostado en esta orilla hacia lo por venir.
Mezquita construida entre los nuevos puerto pesquero
y la terminal de ferries a Tarifa.
La ciudad ha conseguido dar carpetazo al mito del Estatuto internacional que la gobernó durante la primera mitad del XX, con excéntricos millonarios norteamericanos organizando fiestas, el cielo protector de algunos escritores malditos y la ausencia de marroquíes que reflejan novelas como la recomendable "La vida perra de Juanita Narboni" del español tangerino Ángel Vázquez.
Ha superado Tánger también la reivindicación autóctona que refleja un escritor marroquí como Mohamed Chukri, grito de los excluidos que nunca fueron invitados a aquellas fiestas.
Tánger ha fulminado sus fantasmas, ha dejado atrás el colonialismo visible y el invisible que ligaba su grandeza a un pasado de ocupación colonial, parece haber superado también la reacción de los condenados de la tierra; es su historia, pero no el punto de llegada ni referencia obsesiva.
Tánger, habría que analizar si es aplicable al resto del país, da la impresión de estar a punto de depender de sí misma, o expresado de otro modo, pasar a ligar su suerte a las fuerzas combinadas y no elegidas del mercado, de la coyuntura y del azar, como el resto del mundo que llamamos desarrollado.
Se podría decir que en Tánger Dacia ha vencido a Mercedes (aunque se mantenga con el modelo Vito para el transporte turístico), lo que tiene algo menos de glamour decadente pero más futuro.
Y su futuro siempre será compartido con España; los juegos de suma cero (lo que gana uno lo pierde otro) no suelen ser frecuentes ni en economía ni en sociología ni en cultura.

Sugerencias






martes, 16 de enero de 2018

Comisiones de la verdad, versión española

Artículo de opinión publicado también en infoLibre / Blog Al revés y al derecho.
Retirada de la estatua ecuestre de Franco que presidió hasta 2006
la entrada de la Academia General Militar de Zaragoza (EFE).
En el paso de un régimen autoritario a una democracia, de una situación de violencia y represión a un Estado de derecho, que resulta tremendamente complicado en cualquier geografía, algunos países deciden mirarse en el espejo como paso necesario para recuperar su dignidad.
Ésta es una fase que España ha vivido y se ha dado en llamar Transición (1975-1982, plazo más prolongado en muchos ámbitos, como el militar), con mayúscula inicial crecida en proporción directa a la idealización que siempre genera el paso de los años y el recuerdo de los logros de la primera madurez de sus protagonistas.
Lo difícil de ese primer recorrido -periodos de cambio político, como el fin de un régimen autoritario o la resolución de un conflicto armado- otorga un especial valor a las iniciativas de reconocimiento a las víctimas y análisis de la represión, que incluyen comisiones de la verdad como un elemento de lo que se ha dado en llamar justicia transicional -extraño nombre, probable traducción directa del inglés, en español son escasos los adjetivos acabados en ele, como peatonal y precisamente español-.
Estas comisiones de la verdad han surgido en un número mucho mayor de lo comúnmente conocido -alrededor de 40 registradas desde los años setenta-, que contrastan con la escasa presencia que merecen en medios de comunicación, siempre más generosos con la violencia que con su desactivación, desde Argentina en los primeros ochenta, la Sudáfrica de los primeros noventa, y tres casos que revisten un interés especial por su cercanía temporal, geográfica y/o sentimental para un observador español: Marruecos con el cambio de siglo y en la actualidad Túnez y Colombia.
"Las comisiones de la verdad son organismos oficiales, no judiciales y de vigencia limitada que se constituyen para esclarecer hechos, causas y consecuencias relativos a pasadas violaciones de los derechos humanos. Al brindar especial atención al testimonio de las víctimas, las comisiones aseguran su reconocimiento; con frecuencia después de largos periodos de recibir estigmatización y ser escuchadas con escepticismo", define el Centro Internacional para la Justicia Transicional -ITCJ-, organización internacional especializada en la justicia en periodos de transición.
En síntesis, este tipo de comisiones tienen iniciativa pública, no sustituyen a la justicia penal, ponen el foco en las víctimas y en las violaciones de los derechos humanos, y suelen recopilar un gran volumen de datos, con miles de víctimas, y a menudo durante un periodo de tiempo muy amplio que puede contemplar décadas. Entre sus objetivos figuran afrontar la impunidad y obtener una imagen más o menos clara de sucesos violentos que permanecen en disputa o son negados, proteger y reconocer a las víctimas y supervivientes, proponer políticas y promover cambios también sociales.
Tras el acuerdo de paz firmado por el Gobierno y las FARC en noviembre de 2016, y recogido entre sus compromisos, la Comisión para el Esclarecimiento de la Verdad, la Convivencia y la no Repetición fue creada en Colombia por un decreto presidencial en abril de 2017, un mecanismo entre otros -como la búsqueda de desaparecidos-, contempla un periodo de seis meses para entrar en funcionamiento y tres años de mandato que culminarán con la elaboración de un informe final.
"Satisfacer de manera oportuna los derechos de las víctimas", insiste el decreto de creación, además de "garantizar el derecho a la verdad como un pilar fundamental para la consolidación de la paz".
Entre los objetivos se mencionan "contribuir al esclarecimiento de lo ocurrido", "el reconocimiento de las víctimas como ciudadanos que vieron sus derechos vulnerados y como sujetos políticos de importancia para la transformación del país" y "promover la convivencia en los territorios y la creación de un ambiente transformador que permita la resolución pacífica de los conflictos y la construcción de la más amplia cultura de respeto y tolerancia en democracia".
"La CEV deberá aportar a la construcción de una paz basada en la verdad, el conocimiento y reconocimiento de un pasado cruento que debe ser asumido para ser superado".
En noviembre de 2017 el Comité de Escogencia ha seleccionado a los 11 integrantes de la Comisión, que incluye religiosos -la preside un sacerdote jesuita-, periodistas, sociólogos y militares entre sus perfiles.
Estas comisiones dan voz y protagonismo a las víctimas de la represión y audiencia que en algunos casos se produce en la televisión pública en horario de máximo impacto, como está ocurriendo actualmente en Túnez.
El Gobierno tunecino creó la llamada Instancia de la Verdad y la Dignidad (IVD), en diciembre de 2014, con las funciones de identificar y juzgar a los responsables de los abusos cometidos durante los régimenes de Habib Burguiba (1957-1987) y Zine el Abidine ben Alí (1987-2011).
La comisión cuenta con activistas pro derechos humanos, opositores a Ben Alí, jueces, abogados, y representantes de colectivos de víctimas de la represión.
También se trata de un mecanismo entre otros, como la Comisión Nacional de Investigación sobre los Temas de Malversación y de Corrupción; y la Comisión Nacional de Investigación sobre las Violaciones y los Excesos cometidos hacia el final de la dictadura.
Creada en 2013, la Instancia tunecina ha recopilado más de 62.000 denuncias presentados por víctimas de todo tipo de abusos, y realizado más de 48.000 audiencias.
Cartel de la película de Álex de la Iglesia "Balada triste
de trompeta" (2010), comedia negra que se desarrolla
en parte en el mausoleo del Valle de los Caídos.
Unos años anterior a las dos mencionadas es la comisión de la verdad creada en Marruecos en los primeros años de reinado de Mohamed VI para investigar nada menos que los denominados "años de plomo" del reinado de su padre Hasán II, llamada Instancia Equidad y Reconciliación. Fue instaurada en enero de 2004 y entregó un informe final al rey en diciembre de 2005 con el balance de unos trabajos desarrollados con el objetivo de arrojar luz sobre las graves violaciones de los derechos humanos entre 1956 y 1999, determinar las responsabilidades institucionales, indemnizar y rehabilitar a las víctimas y proponer reformas.
Como resultados más directos, la comisión marroquí consiguió determinar las circunstancias de la muerte de alrededor de 800 víctimas (desaparecidos forzosos), se abrieron 17.000 investigaciones individuales y se indemnizó a más de 10.000 víctimas.
Una peculiaridad de la comisión marroquí fue que contempló la reparación comunitaria, la represión de ciertas regiones y comunidades (por ejemplo el Rif y grupos de víctimas como las mujeres), para lo que recomendó programas de desarrollo socioeconómico y cultural.
Las organizaciones de derechos humanos de Marruecos se preocupan desde entonces en seguir el cumplimiento de aquel informe final de una comisión que cuenta con una web algo congelada en cuatro idiomas, entre ellos el español.
Tres casos diferentes los de Colombia, Túnez y Marruecos: el final de una guerra civil, la caída de un dictador, la reinvención de una monarquía autoritaria.
"Una comisión de la verdad puede verse como la ruptura con un pasado violento, una restauración de los cimientos morales de la sociedad que merece el nivel más alto de reconocimiento y apoyo", nos dice el ITCJ.
La reconciliación no es una consecuencia directa de este tipo de comisiones de la verdad, aunque ayudan a crear un nuevo clima político y a recuperar la dignidad de las víctimas y de la sociedad en su conjunto.
En España no se celebró en el paso de la dictadura a la democracia iniciativa comparable a las tres comisiones de la verdad reseñadas.
La equidistancia, hoy convertida en un insulto en el marco de la crisis independentista en Cataluña, fue una marca de fábrica de la transición política española, en lo referido al franquismo y sus delitos, o al abandono de sus víctimas aún mal enterradas por millares en cunetas y barrancos.
Lo más parecido vivido en España a una comisión de la verdad, por su contenido y objetivos, es la llamada ley de la memoria histórica que acaba de cumplir diez años desde su entrada en vigor tras la publicación en el BOE de 27 de diciembre de 2007, con el largo nombre de Ley 52/2007 por la que se reconocen y amplían derechos y se establecen medidas en favor de quienes padecieron persecución y violencia durante la guerra civil y la dictadura; la ley recibió el apoyo de todos los grupos (PSOE, IU-ICV, CiU y PNV) salvo PP y ERC; los partidos ya emergidos entonces no existían.
Además de contribuir a generar un debate público, son indudables los logros de una ley en cuyo articulado se incluye el fomento de la memoria democrática, proclama el carácter injusto de todas las condenas, sanciones y expresiones de violencia por motivos políticos o ideológicos durante la guerra civil y la dictadura posterior; se declara la ilegitimidad de sus tribunales, sanciones y condenas; se establece el reconocimiento de diversas mejoras de derechos económicos de las víctimas (orfandad, años de cárcel); se concede la nacionalidad española a descendientes de exiliados y los miembros de las Brigadas Internacionales; la creación del Centro Documental de la Memoria Histórica y Archivo General de la Guerra Civil Española de Salamanca, el derecho de acceso a los fondos de los archivos públicos y privados...
Capítulo especial y polémico mereció la retirada de más de medio millar de símbolos y monumentos conmemorativos de la guerra civil o de la dictadura (más de 400 de instalaciones militares o dependientes del Ministerio de Defensa).
Entre las críticas hay que mencionar la moderación de la ley en cuestión de fosas comunes (anima  a las administraciones públicas a que faciliten a los interesados su localización, y se hizo un mapa) y una serie de recomendaciones en relación con el mausoleo del Valle de los Caídos sin resultado una década después.
Monumento con las huellas del dictador Franco
retirado en 2010 del Monte Hacho en Ceuta.
Todas estas iniciativas fueron recogidas en una página web, de la que han desaparecido los enlaces desde los organismos públicos aunque sigue viva en el ciberespacio, también congelada, porque el actual gobierno del Partido Popular se ha dedicado a congelar su aplicación y hasta el presidente Rajoy ha llegado a presumir de no destinar un euro a su cumplimiento, caso sólo similar a la Ley de Dependencia y nunca equiparable a la pedagogía pública necesaria con la Ley General Tributaria, por poner un ejemplo.
La Ley de la Memoria Histórica aprobada en 2007 por iniciativa del Gobierno socialista del presidente José Luis Rodríguez Zapatero fue un ejercicio positivo con un exceso de prudencia que como ocurre a menudo no es reconocido ni por los propios porque se queda corta ni por los extraños a quienes cualquier paso les parece excesivo. Lo peculiar de este asunto es la distinción entre propios y extraños en la defensa de la democracia.
Los últimos coletazos parlamentarios sobre esta Ley han sido la aprobación en el Congreso, con ánimo reformista, de una proposición no de ley promovida en septiembre por el Grupo Socialista y de una proposición de ley el pasado noviembre impulsada por el PDCat.
Se habla últimamente con frecuencia de brechas generacionales, que haberlas haylas, aunque en este y otros casos (violencia machista) se puede interpretar también que las sociedades evolucionan y hacen inadmisible lo que se aceptaba hasta ese momento.
En el 40 aniversario de la Constitución española de 1978 aún existen iniciativas que pretenden impulsar una comisión de la verdad en España sobre los crímenes del franquismo (aquí, enlace la Plataforma que agrupa a muchas de ellas, y aquí un post publicado al respecto). Independientemente de su recorrido, sería positivo en cualquier caso en el corto plazo la aplicación completa de la Ley de memoria histórica, reformada o no; y podría ser aconsejable que el Gobierno español se implicara con su apoyo material y político en procesos de transición como los mencionados, aprovechando el reciente asiento conseguido en el Consejo de Derechos Humanos de la ONU para el periodo 2018-2020.
En su mensaje navideño el rey Felipe VI animaba a recuperar el protagonismo internacional de España, de donde se deduce que lo tuvo y se ha perdido.
Como ocurre cuando se estudia una lengua extranjera, que te ayuda a conocer mejor la propia, la implicación española en procesos de carpetazo a la violencia en Colombia, Túnez, Marruecos u otros lugares apoyaría a los ciudadanos de esos países y al tiempo aumentaría la sensibilización de nuestros responsables políticos hacia las víctimas nacionales de un pasado que se resiste a abandonarnos.

Sugerencias

Marruecos
Túnez
Colombia
España
Comisiones de la verdad

martes, 8 de noviembre de 2016

Chispas, frustración, Marruecos

Columna de opinión publicada también en Estrella Digital.
Viñetas de prensa en árabe. Fundación Al Fanar.
Un vendedor ambulante de pescado ha muerto en Alhucemas aplastado en un camión de basura después de que la policía le confiscara la mercancía, cuando el fallecido intentaba evitar su destrucción (media tonelada de pez espada).
El asunto es tan similar al vendedor de fruta que en Túnez se autocombustionó a finales de 2010, tras sufrir una humillación de la policía, que elegimos como inicio de la Primavera Árabe, el asunto ha movilizado a tanta gente en la calle, que la Corona marroquí ha reaccionado, anunciando mano dura o al menos que se investigará; once detenidos.
El suceso ha sido una chispa que ha provocado decenas de manifestaciones en las principales ciudades del país, concentraciones aparentemente espontáneas, convocadas conforme a la conexión instantánea, permanente e inalámbrica que marcan los tiempos en casi todo el planeta (la telefonía móvil alcanza al 80% de la población marroquí y el 60% tiene acceso a internet). Siguiendo también tendencias globales, el suceso de Alhucemas fue grabado con un móvil.
Entre los detenidos se encuentran responsables públicos de pesca, con lo que la revuelta tiene un componente añadido sectorial y la probable corrupción de funcionarios.
Historias como ésta entran como un cañón: árabes-musulmanes protestando (siempre aparecen así, o rezando), la truculenta muerte y la reacción han encontrado hueco en los medios españoles.
Resulta más difícil recordar que en las primaveras árabes los manifestantes pedían, pan, libertad y participación política, ningún contenido religioso, aunque los partidos islamistas han acabado incrementando su poder en una segunda fase fruto de su mejor organización.
Aquella primavera fue también nuestra, el descubrimiento occidental que los ciudadanos árabes tienen similares reivindicaciones políticas que nosotros, despertar intelectual que acabó con la bendición al golpe de Estado en Egipto.
Marruecos como cualquier sociedad está en movimiento y el Estado ha reaccionado en los últimos años con una tímida apertura: nueva Constitución, desarrollo del norte, elecciones más libres como las celebradas este octubre, con muy baja participación.
La edad media en Marruecos es de 27 años (41 en España), la cuarta parte de sus 32 millones de habitantes tiene menos de 14 años,  la emigración parece no ser actualmente una válvula de escape como lo ha sido en el pasado, el ascensor social se encuentra averiado y sucesos como el del pescadero con una carga especial de humillación provocan el estallido social.
Lo sagrado sigue siendo utilizado para maquillar la arbitrariedad e intentar legitimar al poder político o a la Corona (ya decía Mernissi), pero con menor efectividad que en el pasado.
Las chispas sociales se producen con pertinaz insistencia, sea por las subidas del precio del pan o el butano y ahora con la venta ilegal de pescado; pero para que prenda la mecha es necesario algo más.
Quince años después de 1808 un ejército de cien mil hijos de la Francia volvió a entrar en España sin que sintiéramos amenazada la soberanía nacional.
Para canalizar el descontento social hace falta alguien que te represente, alguien que lo represente, que organice políticamente el desencanto.
Ésta es una incógnita en Marruecos, si ese descontento social puede tener una traducción política, en un país donde el rey controla Interior, Defensa, Exteriores y lo intenta con la religión, más parte de la economía como accionista, el primer ministro del Partido Justicia y Desarrollo navega sin sentirse totalmente responsable de cómo marcha el país y otros partidos clásicos como el Istiqlal (nacionalista de derechas) y el Socialista se han hundido tras las últimas elecciones.
En cuanto a España, tras la reelección del presidente Rajoy, habrá que interpretar por su carácter simbólico su primera visita al exterior (acudirá el 15 de noviembre a Marrakech para participar en la Conferencia sobre el Clima que organiza Naciones Unidas, pero ésta no cuenta), la actuación y el bajo perfil político de los nuevos inquilinos en Exteriores y Defensa, el impulso o no a la languideciente política exterior, entre otros lugares en el Mágreb (norte de África) y Máshreq (Oriente Próximo); veremos si la actuación del nuevo Gobierno hacia Marruecos ofrece algo más que colaboración antiterrorista y diplomacia económica.
Marruecos es más que un destino para las exportaciones o la inversión empresarial española. En nuestro país viven 680.000 marroquíes y decenas de miles están consiguiendo la nacionalidad tras una década de residencia (25.000 sólo en 2015).
Hace unos años se hablaba de seguridad humana, concepto que ampliaba el foco y pretendía poner en el centro de la seguridad más a las personas que las fronteras, e incluir en el paquete la seguridad laboral; tras el desplome de la cooperación al desarrollo, en diplomacia haría también falta otro apellido más amplio que el económico o el antiterrorista, dos campos que sin duda se beneficiarían de unas relaciones entre países que profundizasen en conexiones culturales y sociales.
Chispas hay muchas. La frustración acumulada es el mejor combustible para incendiar una sociedad, en Alhucemas o Charlotte (EEUU). La clave está en si un sistema político es capaz de representar y dar respuesta al descontento, y esto es aplicable a ambos lados del Estrecho y del Atlántico.

Sugerencias